Le Canada enquête sur l’utilisation de sa technologie militaire en Azerbaïdjan

Le Canada enquête sur de possibles livraisons de matériel militaire canadien en Azerbaïdjan par la Turquie, a annoncé vendredi 2 octobre le premier ministre canadien Justin Trudeau. Selon les médias canadiens, Ottawa a délivré en mai des permis à la société canadienne L3Harris Wescam pour exporter des systèmes d’imagerie et de ciblage à un fabricant de drones turc.

Ce même matériel est maintenant au centre d’accusations selon lesquelles l’Azerbaïdjan utilise des drones fabriqués par la société turque Baykar dans les hostilités en cours depuis six jours avec l’Arménie à propos du Nagorny-Karabagh. Peuplé majoritairement d’Arméniens, cette région a fait sécession de l’Azerbaïdjan à la fin de l’URSS, entraînant une guerre au début des années 1990 qui avait fait 30 000 morts. Bakou exige depuis le retrait de l’Arménie de cette région.

« En ce qui concerne les équipements militaires canadiens qui auraient pu être utilisés dans cette situation, le ministre des Affaires étrangères, François-Philippe Champagne, a lancé une enquête sur ce qui s’est passé exactement », a déclaré Justin Trudeau lors d’une conférence de presse. « Il est extrêmement important que les termes des attentes du Canada en matière de non violation des droits humains soient toujours respectés, et nous pourrons vous en dire plus à mesure que les choses se préciseront », a-t-il dit.

Ottawa avait suspendu il y a un an ses exportations vers la Turquie, essentiellement de matériel militaire, après une incursion militaire d’Ankara dans le nord de la Syrie pour combattre les rebelles kurdes. Le Canada a cependant repris ses exportations en mai. Un responsable canadien a précisé qu’elles seront à nouveau gelées si Ottawa établit que le matériel a été utilisé à d’autres fins que celles prévues par la Turquie.

« Nous sommes très préoccupés par la situation au Nagorny-Karabagh », a dit Justin Trudeau, appelant à une « désescalade » entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie. Ce conflit « dure depuis bien longtemps mais il n’y aucune solution militaire à cette situation, ça doit être résolu par le dialogue », a-t-il conclu.