Le monde unique du photographe arméno-égyptien basé au Caire, Van Léo, de son nom complet Levon Alexander Boyadjian est capturé dans une exposition qui se poursuit jusqu’au 22 février 2022.
L’exposition adopte une approche particulière de la présentation de son héros, car elle emmène les visiteurs dans son atelier reconstitué dans le hall de la Galerie du futur sur le campus du Centre culturel universitaire Tahrir.
Le spectateur a l’occasion d’explorer la vie et l’œuvre de Van Léo (1921-2002), tout en découvrant le lieu où le photographe a pris les clichés de l’élite intellectuelle des stars de cinéma, ceux de la vie nocturne des théâtres et cabarets du Caire, des gens ordinaires anonymes et les étrangers vivant dans le Caire cosmopolite après la Seconde Guerre mondiale et jusque dans les années 1990.
En fait, l’Université américaine du Caire (UAC) possède un trésor de milliers de photos. En 1998, encouragé par son ami, le professeur Barry Iverson, Van Léo avait légué toute sa fortune photographique, tout son atelier, à l’UAC où enseignait son ami.
« Je voulais recréer son atelier au centre-ville où il a toujours vécu, explique Ola Seif, commissaire d’exposition et directeur de la photothèque et de la collection cinéma de l’UAC.
Une reproduction de l’atelier a été soigneusement planifiée par la bibliothèque des livres rares de l’UAC et les gestionnaires des collections spéciales.
A gauche, le bureau de style art-déco avec une photo de Van Léo, où il rangeait ses négatifs et photos sur les étagères. Plus loin, la plateforme sur laquelle ses clients posaient.
Ce préambule à l’univers de Van Léo est évident à travers deux photos très significatives ; la première montre l’artiste au sommet de la pyramide de Gizeh et la seconde, un paysage de la célèbre place Tahrir dans les années 40. Tous deux font référence à cet Arménien d’Égypte appartenant au pays et soulignant son attachement particulier au Caire, et à son centre-ville en particulier.
C’est au Caire que le jeune Léo Boyadjian s’installe en 1927, fuyant le génocide arménien dans l’Empire ottoman. Il travaille au Studio Venus, puis dans la maison familiale où il reste proche de son frère Angelo. En 1941, ce dernier part pour Paris, et Van Léo fonde un nouvel atelier qui vit les années de gloire et de déchéance de toute une ville.
Connu pour ses portraits incontestables, Van Léo se distingue par la série d’autoportraits inventifs qui reflètent ses profondeurs, son moi intérieur. Quant aux portraits, il a capturé de nombreuses personnalités nationales de l’époque telles que Taha Hussein et Doria Shafik. Il a également réussi à capter le côté méconnu de grandes stars du cinéma comme Omar Sharif, Rouchdi Abaza, Faten Hamama ou Samia Gamal. Pour chaque photographie, nous sentons qu’il existe une amitié unique entre Van Leo et l’objet de ses œuvres.