Alors que l’Union européenne (UE) se prosterne devant les demandes turques et fait un pas de plus en faveur des négociations d’adhésion de la Turquie, le président arménien Serge Sargissian a effectué des visites officielles en Grèce et à Chypre, dont les droits ont été piétinés par les autres membres de l’UE.
Ce fut l’occasion d’exprimer sa solidarité avec ces deux pays amis et de développer les relations bilatérales.
La Turquie occupe 38% du territoire de Chypre, dans la partie nord de l’île et, ajoutant l’insulte à l’injure, refuse de reconnaître le gouvernement légitime de Chypre en tant qu’Etat souverain. Et pourtant, l’UE compromet les droits souverains de l’un de ses propres membres, Chypre, en réglant la question temporaire des réfugiés avec Ankara.
Un représentant grec du Parlement européen, le général Eleftherios Synadinos, a été politiquement inconvenant à l’une des sessions, en exprimant son indignation face à la conduite de l’Union européenne vis-à-vis de la Turquie : « M. Président, avant-hier, un sommet a eu lieu entre l’Union européenne et la Turquie. Les résultats du sommet ne sont pas seulement décevants, mais un Waterloo diplomatique pour les dirigeants de l’Union. Vingt-huit chefs nains ont écouté un maitre-chanteur brutal, un escroc commun, Davutoglu, leur imposer des exigences de soumission… Vous vous êtes vendus à l’Ottoman Erdogan. »
Il a également pimenté son discours d’un vocabulaire coloré, ce pourquoi le parlement l’a expulsé, le qualifiant de « raciste. »
Le parlementaire grec avait certainement prédit l’issue de son discours, mais au moins, il a fait en sorte que les membres de l’UE aient obtenu ce qu’ils méritaient.
La Turquie intimide Chypre depuis son agression de1974, et l’UE continue d’accueillir l’intimidateur. Ankara cherche à appliquer le même principe dans les deux sens. Il a occupé Chypre sous prétexte de protéger la minorité turque, tout en luttant bec et ongles contre le droit à l’autodétermination des Arméniens du Karabagh.
Bien que les Arméniens et les Grecs aient souffert sous le joug des Turcs et ont connu la politique génocidaire d’une même puissance, ils n’ont pas encore mis en commun leurs politiques.
La même chose pourrait être dit au sujet des efforts de lobbying aux Etats-Unis et en Europe. Alors que les groupes grecs et arméniens sont confrontés aux mêmes défis politiques, ils se rendent compte qu’ils font face aux mêmes dangers et ils coopèrent occasionnellement, mais cette coopération se développe rarement vers une cause commune permanente.
Peut-être était-ce la raison pour laquelle le président d’Arménie a rendu visite aux deux pays amis, surtout compte tenu du fait que la Turquie, l’Azerbaïdjan et la Géorgie coopèrent de façon permanente pour isoler l’Arménie dans la région.
Le moment politique était propice à cette mesure concrète; d’une part, l’Arménie, membre de l’Union douanière eurasienne, est considérée comme servant de pont entre l’UE et l’Union eurasienne, d’autre part, des relations étroites entre l’Arménie et l’Iran, sans embargo, crée un potentiel de développement économique entre l’Arménie, la Grèce et l’Iran.
Au cours de la visite du Président arménien à Athènes, le Premier ministre grec Alexis Tsipras a déclaré qu’il considérait que la collaboration Iran-Arménie-Grèce devait se développer. Il a ajouté que la Grèce voyait des possibilités de coopération entre l’Union européenne et l’Union économique eurasienne et souhaitait contribuer à cet objectif. En outre, il a exprimé sa volonté d’aider au développement de relations plus étroites entre l’Arménie et l’UE.
Il a également révélé que le cadre juridique des relations bilatérales est assez important. Il couvre plus de 40 accords de coopération dans les domaines économique, militaire, culturel et scientifique, en santé, communication, tourisme, et autres secteurs.
L’Arménie avec ses ressources limitées, n’a jamais osé aller au-delà de son voisinage immédiat tandis que d’autres configurations politiques sont mises au point au Moyen-Orient qui peuvent influer sur le sort de l’Arménie directement et indirectement. Tout en citant le format de la coopération Arménie-Grèce-Iran, Tsipras a observé que son pays a une expérience dans une telle coopération trilatérale, par exemple Grèce-Chypre-Israël, et Grèce-Chypre-Egypte où il dit avoir travaillé efficacement.
Alors que l’UE et les Etats-Unis sont de retour en Turquie, au détriment de la Grèce et de Chypre, ces derniers ont mis au point leurs propres blocs pour contrer les ambitions de la Turquie. Le facteur commun qui rapproche la Grèce, Chypre et Israël sont les réserves de gaz découvertes récemment en Méditerranée.
Lorsque Chypre et Israël ont commencé à explorer les gisements de gaz sous-marins, la Turquie les a intimidés et les a menacés d’intervention armée. Mais à cause des problèmes à sa frontière, Ankara a reculé.
Durant le gouvernement islamique de l’ancien président égyptien Mohamed Morsi, la Turquie s’était dangereusement rapproché de l’Egypte. Mais après la prise de pouvoir par le régime militaire du général Abdulatif Sisi, les relations égypto-turques peuvent être décrites comme acrimonieuses.
Par conséquent, en faisant la promotion des relations avec Chypre et la Grèce, l’Arménie peut tisser ses politiques à travers le réseau de ses relations internationales.
Au cours de la visite de M. Sargissian en Grèce et à Chypre, le thème du génocide a été abordé. L’Arménie a remercié les deux pays pour leur reconnaissance du génocide. En outre, des remerciements particuliers ont été offerts à Chypre, qui a également adopté des lois criminalisant la négation du génocide.
Comme on pouvait l’espérer, le ministère des Affaires étrangères de Turquie a réagi avec colère aux déclarations des présidents Serge Sargissian, et Prokopis Pavlopoulos de Grèce au sujet du génocide.
Tant à Nicosie qu’à Athènes, il y a eu des expressions de soutien mutuel pour les problèmes de Chypre et du Karabagh.
Les relations étroites de l’Arménie avec les deux membres de l’UE vont certainement renforcer sa politique étrangère et libérer le pays de son étouffant isolement.
Traduction N.P.