Des réfugiés syriens sur scène – Courrier Ahuntsic/Bordeaux-Cartierville

Nancy Issa Torosian à gauche, a recruté Apraham Demirdjian, Nerces Khatchoian et Arpy Soghomonian, trois réfugiés syriens pour interprêter des rôles dans sa pièce "ces fameux fantômes".

Courrier

 

 

 

 

 

 

 

La metteure en scène Nancy Issa Torosian fait monter sur les planches cinq réfugiés syriens, récemment arrivés au Canada, dont la majorité n’a jamais fait de théâtre.

Mme Issa Torosian aurait pu puiser autant de comédiens qu’elle désirait dans la liste des 85 membres de la troupe Hay Pem, du centre culturel arménien Tekeyan, de Saint-Laurent. Mais la résidente de Cartierville a préféré compléter son équipe avec des gens qui pour la plupart n’ont jamais mis les pieds sur une scène.

«Il y a 15 personnages sur les planches et une dizaine qui sont sur des vidéos, explique-t-elle. C’était impossible de la monter sans les nouveaux arrivants de Syrie.»

La pièce est un vaudeville adapté librement de l’œuvre du dramaturge italien Eduardo De Filippo, traduite en arménien à Montréal, par Christine Dirtadian Kouyoumdjian. C’est au milieu d’une pléthore de décors et une multitude d’accessoires que ces novices se donnent leurs premières répliques.

«Lorsqu’elle m’a proposé de jouer, elle m’a aussi convaincu que je pouvais le faire sinon cela aurait été impossible», indique Nerces Khatchoian. Originaire d’Alep, le jeune homme est plus porté à chanter qu’à jouer la comédie. Il est sur scène avec sa compatriote Syrienne Arpy Soghomonian. C’est la seule qui a une petite expérience de théâtre amateur autant en Syrie qu’au Liban.

«Il faut dire que Nancy est une bonne metteure en scène, mais aussi une excellente professeure», souligne-t-elle en français.

Apraham Demirdjian partage l’avis d’Arpy. Il avoue qu’il n’a jamais imaginé qu’il pourrait interpréter un rôle même secondaire. «C’est pour moi une découverte, je ne pensais pas que j’en étais capable», dit-il.

Catharsis
Même si pour eux il s’agit d’un loisir, ils répètent assidument depuis quatre mois, au moins deux fois par semaine. Pour la metteure en scène, c’est une manière de se changer les idées et favoriser leur adaptation dans un nouvel environnement.

«La pièce parle de fantômes et nous portons tous en nous nos revenants. Si nous pouvons en rire, pourquoi pas», souligne Mme Issa Torosian, elle-même originaire d’Argentine.

Elle observe que ces acteurs n’ont pas choisi de fuir leur pays en guerre et tout cela nécessite des thérapies qui ne sont prévues nulle part. «Je considère que le théâtre soigne les plaies de l’âme. Il est aussi tout simplement la vie mise en scène», avance-t-elle.

La pièce jouée en arménien, est sous-titrée français grâce à une astucieuse disposition d’écrans vidéos devant la scène pour toucher le public le plus large possible.

Ces fameux fantômes sera présentée au théâtre du collège Beaubois, au 4901, rue du collège Beaubois, le 30 avril et les 14 et 15 mai. Information et billets au 514 747-6680.

 

Des réfugiés syriens sur scène