L’espoir se dessine dans les cœurs meurtris par les feux du chagrin, de l’abandon et de la peur, comme les rivages se dessinent à l’horizon meurtri par les feux des derniers rayons crépusculaires du soleil.
Les yeux s’accrochent à une nouvelle naissance sur les rivages d’une terre jusqu’alors étrangère, mais qui, bientôt, sera familière.
Des jours les séparent de leur terre natale, de leur origine et de leur vraie identité. En fuyant la sauvagerie de l’être humain, ils ont laissé derrière eux leur passé, avec ses bonheurs et ses douleurs, pour n’avoir d’autre choix que l’avenir et l’inconnu de leur destin.
Sur le bord d’un bateau, une surface tumultueuse les accueille pour un bref séjour qui marque un intervalle entre deux ères et deux terres, celle qu’ils fuient et celle qui les accueille. Entre les deux, la mer, symbole de leur sort incertain, tantôt les berce, tantôt les renverse.
Les corps alourdis de fatigue luttent contre le sommeil par la force de l’émotion.
La nouvelle terre commence à prendre des formes et des couleurs bienveillantes. Pourront-ils, un jour, s’identifier à elle!
Les premiers pas, sur ce sol étranger, font monter un goût amer à l’âme. Le goût de la nostalgie et de la mélancolie pour un monde d’antan.
La vie reprend, cependant, ses droits. Elle est la plus forte par l’esprit de l’espoir qui l’anime. Elle coule dans les artères du monde pour le faire renaître de ses cendres. Sa source jaillit de l’au-delà, d’un endroit surréel où les forces du mal n’ont aucune emprise. Pour ceux qui la cherchent, elle est présente et abondante; pour ceux qui l’ignorent, elle est absente et stérile.
Entre la vie et le néant, les fugitifs luttent pour garder leurs pieds sur terre, réalité fragile, œuvre des hommes, mais leurs yeux seront, dorénavant, rivés sur l’horizon d’où émane la source bienfaisante de la vraie vie.
Dédié à l’âme de Ma Chère Grand-Mère paternelle,
Archalous Zavart Hambarsoum Berberian
Amal M. Ragheb
(Carmen Aprahamyan)
Journaliste internationale et écrivaine
amragheb2@gmail.com