Le président Sarkissian salue le vote des députés français pénalisant le négationnisme du génocide arménien

Le président arménien Serge Sarkissian a salué samedi 9 juillet le vote par l’Assemblée nationale française le 1er juillet d’un texte pénalisant les négationnistes du génocide des Arméniens de la Turquie ottomane en 1915 et d’autres crimes contre l’humanité reconnus comme tels par l’Etat français. Selon le service de presse de la présidence arménienne, S. Sarkissian a tout particulièrement salué le rôle décisif joué par le président François Hollande dans le passage à l’unanimité de ce nouveau texte de loi qu’il s’était d’ailleurs engagé à ramener devant les législateurs durant sa campagne électorale en 2011. Le président arménien a exprimé sa reconnaissance, au nom du peuple arménien, à son homologue français, qu’il rencontrait en marge du sommet de l’Otan à Varsovie.

Le texte approuvé en première lecture par l’Assemblée nationale prévoit que toute forme de négation publique des atrocités perpetrées notamment à l’encontre des Arméniens de l’Empire ottoman vaudrait à leur auteur une peine pouvant aller à un an d’emprisonnement assortie d’une amende de 45 000 euros. Le texte doit encore être validé par le Sénat pour avoir force de loi. Seule la négation de l’Holocauste est actuellement considérée comme un délit par la justice française. Les deux chambres du Parlement français avaient déjà vote une loi visant à pénaliser le négationnisme du génocide arménien en décembre 2011 et janvier 2012. Mais la Cour constitutionnelle française avait finalement invalidé le vote, estimant qu’un tel texte allait à l’encontre de la liberté d’expression.

F.Hollande s’était engagé à revenir à la charge sur ce dossier s’il était élu président. Alors qu’il entend briguer un deuxième mandat en avril-mai 2017 malgré une popularité en baisse constante, il a tenu sa promesse de campagne, au risque d’irriter un peu plus la Turquie, avec laquelle la France entretient déjà des relations délicates. Le ministère turc des affaires étrangères n’a d’ailleurs pas manqué de réagir à l’initiative des députés français, qui intervient un mois après le vote des députés allemands portant sur la reconnaissance du génocide des Arméniens, qui a provoqué un net refroidissement des relations entre Berlin et Ankara. “Nous attendons que le Sénat français suppriment de ce projet de loi les éléments susceptibles de porter atteinte à la liberté d’expression”, déclarait le porte-parole du ministère turc, Tanju Bilgic. L’inquiétude manifestée par Ankara quant au respect de la liberté d’expression en France prête à sourire, alors même que cette liberté, comme tant d’autres, est ouvertement bafouée en Turquie, au nom notamment de cette loi antiterroriste dont la redéfinition est la condition posée par l’Europe pour exempter les Turcs de visa dans l’UE, selon les termes de l’accord UE-Turquie de novembre 2015 et de mars dernier, et sur laquelle le président Erdogan ne veut pas transiger.

mardi 12 juillet 2016,
Gari ©armenews.com