Médaille controversée pour un policier à la tête de la dispersion violente de Sari Tagh

Le président Serge Sarkissian a remis une médaille d’État au commandant controversé des troupes intérieures arméniennes qui a joué un rôle clé dans la dispersion violente de juillet dernier d’une manifestation de l’opposition à Erevan.

Le général Levon Yeranosian, qui est également chef adjoint de la police nationale, a reçu une médaille pour excellence dans le maintien de l’ordre public par un décret présidentiel publié la semaine dernière. Le décret a mis en valeur ses contributions « significatives » à « l’ordre public » dans le pays.

Yeranosian était parmi les officiers supérieurs de la police qui ont personnellement ordonné et ont supervisé l’utilisation de ce que beaucoup en Arménie considèrent comme une force excessive contre des dizaines de personnes exprimant leur soutien aux preneurs d’otage d’un poste de police.

Dans la soirée du 29 juillet 2016, les manifestants se sont rendus au quartier Sari Tagh d’Erevan, près du bâtiment de police assiégé dans le district d’Erebuni. Par des grenades d’étourdissement et des gaz lacrymogènes, la police anti-émeute a dispersé la foule lorsque cette dernière a ignoré les demandes de quitter la zone “dangereuse“ et de retourner au centre-ville.

Plus de 60 personnes ont été blessées et hospitalisées. Aau moins 14 journalistes ont été embusqués et battus par un grand groupe de gens en civil qui brandissaient des bâtons.

Les principaux partis d’opposition arméniens ainsi que les groupes de défense des droits humains locaux et internationaux ont vivement condamné cette répression. La police arménienne a répondu en lançant une “enquête interne“ sur cette violence. Cinq policiers, y compris le frère de Yeranosian Lernik, ont été suspendus en conséquence.

La remise de médaille à Yeranosian a été dénoncé par Zaruhi Postanjian, parlementaire d’opposition et un des organisateurs de la manifestation.

“Il est difficile de caractériser cet acte avec des mots décents“, a déclaré Postanjian hier.

Avetik Ishkhanian, un éminent défenseur des droits de l’homme, a également déploré cette distinction pour Yeranosian. Il a argué que le général de police a été récompensé pour sa loyauté au régime dirigeant, plutôt que pour ses qualités professionnelles.

“La police défend les intérêts des autorités, plus que ceux de la population“, a accusé Ishkhanian.

Mais Hakob Hakobian, dépuré pro-gouvernemental, a défendu le décret présidentiel. “En tant que policier, Levon Yeranosian a pleinement rempli ses fonctions“, a t-il assuré.

jeudi 5 janvier 2017,
Claire ©armenews.com