Le droit de l’Arménie à assumer la présidence tournante de l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC), une alliance militaire dirigée par la Russie, ne saurait être remis en cause, a fait savoir Eduard Sharmazanov, vice-président de l’Assemblée nationale et chef de la délégation parlementaire nationale auprès de l’alliance, dont la direction est assumée, depuis le 2er janvier, pour une période transitoire, par Valery Semerikov, qui a pris la succession de Nicola Bordiuja, en poste depuis 2003. Fin 2016, des rumeurs insistantes avaient circulé sur la nomination à ce poste de l’ancien ministre arménien de la defense Seyran Ohanian, qui les avait lui-même démenties, sur fond de tensions entre l’Arménie et certains de ses partenaires au sein de l’OTSC. “L’Arménie n’entend pas céder sa place à qui que ce soit. Le roulement n’a pas encore commencé. La partie arménienne défend les intérêts arméniens en toute intégrité, par la personne du ministre des affaires étrangères et celle du ministre de la défense, ainsi que par moi-même au titre de chef de la délégation parlementaire », a souligné E. Sharmazanov sur Tert.am, commentant la décision de remplacer le secrétaire général de l’OTSC Nikolay Borduja, dont le mandat, qui venait à échéance le 1er janvier 2015, avait déjà été prolongé d’un an. Par ailleurs, le responsable arménien s’est félicité de l’utilisation par N. Bordiuja du terme “République du Haut-Karabagh” dans un communiqué récent où il condamnait en outre sans équivoque l’agression des forces de l’Azerbaïdjan contre des positions arméniennes déployées à la frontière nord-est de le l’Arménie (province de Tavush). E. Sharmazanov a estimé que le ton du communiqué n’avait rien de menaçant. “Il s’agit d’un communiqué important et sans précédent, dans lequel une organisation internationale de l’envergure de l’OTSC fait une évaluation juste et équilibrée des actions menées par l’Azerbaïdjan (qui n’est pas membre de l’OTSC), les désignant comme une provocation. De plus, ce n’est pas seulement N.Bordiuja qui emploie le terme de ‘République du Haut-Karabagh’. Un texte [comportant une terminologie similaire] figure aussi sur le site web official de l’OTSC. Les sites azerbaïdjanais et pro-Aliyev ont été sens dessus dessous, ce qui n’a rien d’étonnant. N.Bordiuja a eu les mots justes avant de quitter [son poste]”, a-t-il ajouté.
Par ailleurs, le ministre arménien de la défense Vigen Sargsian a salué de son côté la declaration de N.Bordyuja, en réaction à l’agression azérie du 29 décembre 2016 qui avait causé la mort de 3 soldats arméniens et d’au moins un soldat azéri. Une fois n’est pas coutume en effet, l’OTSC, régulièrement accusée par l’Arménie pour son manque de solidarité, avait fait le choix de la clarté en désignant l’agresseur. Le ministère azéri de la défense avait comme d’habitude rejeté la responsabilité des violences sur la partie arménienne, en balayant du revers de la main les preuves présentées par les Arméniens, à savoir le corps du soldat azéri retrouvé derrière les lignes arméniennes défendant la province de Tavoush, qui témoignait de l’incursion des forces de Bakou en territoire arménien. Se félicitant de ce que N. Bordiuja ait désigné Bakou comme l’agresseur dans un communiqué dans lequel il mentionnait par ailleurs la « République du Haut Karabagh », le ministre arménien a déclaré dimanche 8 janvier devant les journalistes : “Je pense que la déclaration du secrétaire général de l’OTSC était parfaitement claire… Le secrétaire général est l’un des plus hauts responsables de l’OTCS, dont il exprime les positions entre chacune des sessions [de l’OTSC].” Le ministère azerbaïdjanais des affaires étrangères n’a pas tardé à critiquer la reaction de N. Bordyuja, la qualifiant de “subjective”. Il l’a aussi rejetée comme “inacceptable”, eu égard à l’utilisation du terme “République du Haut-Karabagh”.Le communiqué de N. Bordiuja fait figure de testament, alors qu’il laissait la place 4 jours après à son adjoint, Valery Semerikov, qui dirigera l’alliance militaire russe pendant une durée transitoire, jusqu’à la désignation, sans doute au printemps, comme l’a laissé entendre N. Bordiuja, de son nouveau secrétaire général. Conformément aux statuts de l’OTSC, un responsible arménien devait remplacer N. Bordiuja au poste de secrétaire général dès la fin 2015. Cette perspective ne faisant guère l’unanimité, les présidents des 6 anciennes Républiques soviétiques – Russie, Arménie, Biélorussie, Kazakhstan, Kyrgyzstan et Tadjikistan – composant l’OTSC avaient décidé de prolonger d’un an le mandat de N.Bordiuja. Réunis en sommet à Saint Petersburg en décembre 2016, ils ne s’étaient toujours pas mis d’accord sur son successeur. La question du Karabagh semble être le principal point d’achoppement, le Kazakhstan, membre influent de l’OTSC, entretenant des relations étroites avec l’Azerbaïdjan. Le Kazakhstan, comme d’ailleurs les autres républiques d’Asie centrale membres de l’OYSC ont signé des declarations ouvertement favorables à l’Azerbaïdjan au cours des dernières années, suscitant l’ire de l’Arménie. V.Sargsian a exprimé l’espoir que les leaders de l’OTSC parviendront à un consensus sur cette question lors de leur prochain sommet.