Face à Erdogan, Merkel défend la liberté d’expression en Turquie

Reçue à Ankara, le 2 février dernier, par le président turc Recep Tayyip Erdogan, la chancelière allemande Angela Merkel a défendu l’importance de la liberté de la presse et de la liberté d’opinion en Turquie.
« La séparation des pouvoirs et la liberté d’expression doivent être garantis » dans la révision constitutionnelle voulue par Recep Tayyip Erdogan et soumise à référendum en avril, » a souligné Angela Merkel.

« Avec la tentative du coup d’état, nous avons vu comment le peuple turc s’était levé pour la démocratie et les règles de la démocratie en Turquie », a-t-elle dit en évoquant la tentative de juillet dernier.

« C’est exactement pourquoi, dans cette phase décisive, il est important que la liberté d’opinion soit respectée et, en relation avec cela, nous avons discuté de la liberté de la presse », a poursuivi la chancelière allemande. « L’opposition fait partie de la démocratie », a-t-elle insisté.

De son côté, le président Erdogan a balayé les critiques formulées par des opposants turcs qui redoutent un effacement de la séparation des pouvoirs si la réforme constitutionnelle, qui renforcerait considérablement ses prérogatives, était approuvée.

« Cela n’a absolument aucun fondement (…) Il y a un organe législatif, l’exécutif est également là, de même que la justice, » a déclaré Recep Tayyip Erdogan. « Il n’est pas question de mettre fin à la séparation des pouvoirs, » a-t-il insisté.

Ankara et Berlin ont vu leurs relations se dégrader depuis le coup d’état manqué : la Turquie accuse l’Allemagne d’héberger des « terroristes », lui reprochant de ne pas extrader des rebelles présumés et des membres du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

Après s’être entretenu avec Mme Merkel, le premier ministre Binali Yildirim a dit attendre « bien plus de soutien » de la part de l’Allemagne.

Des médias allemands ont rapporté que 40 militaires turcs de l’OTAN avaient demandé l’asile auprès des autorités allemandes. Ankara a exhorté Berlin à « réfléchir attentivement » et à rejeter leur requête.

Le déplacement de Mme Merkel intervient également à quelques mois d’élections législatives critiques pour la chancelière, lors desquelles pèseront la question des migrants et les relations avec Ankara, l’Allemagne comptant trois millions de citoyens d’origine turque.

M. Erdogan a également reproché à la Chancelière l’utilisation de l’expression « terreur islamique ». « Cette expression nous attriste sérieusement, nous les musulmans, » a déclaré Erdogan, s’adressant directement à Merkel. « Une telle expression n’est pas correcte parce que l’Islam et la terreur ne peuvent pas être associés. Le sens de l’Islam est la paix. »
En réponse, Merkel a noté qu’une distinction linguistique existe en Allemagne entre « Islam » et « islamiste » et a ensuite cherché à rassurer le peuple turc « nous ne respectons pas seulement les musulmans, mais nous voulons bien travailler ensemble et combattre ce terrible terrorisme ensemble. »