L’Arménie n’a certes pas l’ambition d’accélérer un processus de normalisation russo-américain promis par D. Trump mais qui tarde à se mettre en place, il n’en reste pas moins que la participation d’un bataillon de l’armée de la République d’Arménie, alliée stratégique de la Russie, à des manœuvres militaires sous commandement américain, qui plus est sur le territoire de la Géorgie, qui entretient des relations pour le moins tendues avec la Russie depuis que celle-ci a annexé de fait les régions séparatistes d’Abkhazie et d’Ossétie du Sud, au terme d’une guerre éclair en août 2008, fait souffler un vent de détente sur les relations entre Moscou et Washington.
Les exercices militaires qui ont débuté le 30 juillet que la base géorgienne de Vaziani près de Tbilisi, devraient impliquer, durant deux semaines, quelque 2 800 soldats des Etats-unis, de Géorgie, de Grande-Bretagne, d’Allemagne, de Turquie, d’Ukraine, de Slovénie, et d’Arménie, ce dernier pays ayant un statut à part en raison de ses liens militaires et politiques privilégiés avec la Russie, même s’il participe par ailleurs à différents programmes de paix dans le cadre de l’Otan.
Le contingent américain comprend plusieurs tanks de type M1A2 Abrams ainsi que des véhicules blindés de type Bradley dans le cadre d’une compagnie d’infanterie mécanisée. “Ces exercices donnent aux nations qui y prennent part l’occasion de s’entraîner dans un cadre multinational tout en renforçant la coopération et des opérations coordonnées”, a fait savoir dans un communiqué le commandement de l’U.S Army Europe concernant ces manoeuvres baptisées “Noble Partner”. “Ces exercices aideront la Géorgie à se rapprocher des normes de l’Otan et contribueront à renforcer la stabilité dans l’ensemble de la région“, indiquait pour sa part le premier ministre géorgien Giorgi Kvirikashvili lors de la cérémonie inaugurale de ces exercices, qui interviennent quelques jours seulement après les grandes manœuvres organisées par l’Otan dans les Pays baltes et la Pologne, au grand dam de la Russie qui répondra par des manœuvres d’une envergure similaire côté russe et biélorusse, annoncées pour septembre.
Les exercices ont commencé à la veille de la visite officielle en Géorgie du vice-président américain Mike Pence, qui devrait y assister et s’adresser aux participants le mardi 1er août. Le gouvernement russe a préféré ne pas faire de commentaires ; il avait déjà critiqué des exercices similaires organisés par le passé par l’armée américaine sur le territoire de la Géorgié. La participation de quelque 30 soldats arméniens à ces exercices illustre la volonté de Erevan de contrebalancer son alliance militaire avec la Russie par un renforcement de ses liens militaries avec l’Occident.
L’Arménie a développé sa coopération dans le domaine de la defense avec les Etats-unis et d’autres pays de l’Otan depuis le début des années 2000. Plus d’une centaine de soldats arméniens participant actuellement à des missions de l’Otan au Kosovo et en Afghanistan et l’armée arménienne participe régulièrement à des exercices militaires multinationaux sous commandement américain. Mais cette participation semble anecdotique au regard des liens étroits unissant l’Arménie à la Russie, qui reste le pivot de la doctrine stratégique arménienne et de la sécurité nationale du pays. Le ministre arménien de la défense Vigen Sargsian l’a rappelé le 29 juillet alors qu’il participait à la cérémonie d’ouverture près de Moscou de l’édition 2017 des Jeux internationaux des armées, organisés en partie par la Russie.