Ignorant l’avis des États-Unis, l’Azerbaïdjan a réussi à forcer l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) à fermer son bureau à Erévan qui avait favorisé les réformes politiques en Arménie.
Le bureau connaissait un avenir incertain depuis que Bakou avait mis son veto à la fin de l’année dernière à une nouvelle extension de son mandat, en s’opposant à un programme de déminage humanitaire en Arménie.
La délégation azerbaïdjanaise au siège de l’OSCE à Vienne avait insisté dans une déclaration en janvier sur le fait que le programme « peut renforcer les capacités et les compétences des structures arméniennes concernées » dans le conflit du Haut-Karabakh. Il avait accusé l’Arménie de chercher à « abuser du Bureau de l’OSCE à Erévan contre les intérêts légitimes de l’Azerbaïdjan ».
L’Arménie avait balayé d’un revers de main ces allégations, déclarant que Bakou était simplement désireux d’obtenir la fermeture du bureau d’Erévan après qu’un bureau similaire de l’OSCE à Bakou ait été fermé en 2015. Les décisions de l’OSCE concernant l’ouverture de ces missions et l’extension de leurs activités doivent être approuvées à l’unanimité par les 57 États membres de l’organisation.
Bakou n’est pas revenu sur ses objections en dépit du fait que le gouvernement arménien ait accepté en janvier d’exclure le déminage d’une vaste gamme d’activités de l’OSCE en Arménie. Cette situation avait provoqué un avertissement sévère des États-Unis, dont un haut responsable avait fait savoir que la fermeture du bureau d’Erévan serait « mauvaise pour l’image de l’Azerbaïdjan ».
Un représentant de l’Autriche, actuel titulaire de la présidence de l’OSCE, a déclaré au Conseil permanent à Vienne que le gouvernement azerbaïdjanais avait exigé la fermeture du bureau.
« Les États-Unis regrettent la fermeture imminente du bureau de l’OSCE à Erévan », a déclaré Kate Byrnes, chargée d’affaires de la mission américaine à l’OSCE. « Nous déplorons la perte du dernier terrain d’opération de l’OSCE dans le Caucase du Sud ».
« L’Arménie, dans un esprit de compromis, avait convenu que le Bureau d’Erévan mettrait fin à ces activités [déminage humanitaire] », a-t-elle souligné.
Le ministère arménien des Affaires étrangères a fermement condamné la position intransigeante de Bakou sur la question. Le porte-parole du ministère, Tigran Balayan, a déclaré que la décision du pouvoir autoritaire de l’Azerbaïdjan s’inscrit une fois de plus dans son triste bilan en matière de droits de la personne et « l’approfondissement du fossé existant entre lui et la communauté internationale ».
Byrnes a également salué la coopération de longue date du gouvernement arménien avec l’OSCE et son bureau d’Erévan en particulier. La promotion par le bureau des droits humains, des réformes fiscales et policières, l’égalité entre les sexes et la liberté de la presse a entraîné des « résultats positifs », a-t-elle déclaré.
La diplomate américaine a exhorté la présidence autrichienne de l’organisation à « explorer de nouvelles façons de maintenir une présence de l’OSCE en Arménie et dans tout le Caucase du Sud ».
Balayan a déclaré à cet égard que les autorités d’Erévan sont ouvertes à « de nouvelles mises en œuvre de projets de l’OSCE en Arménie ».