L’enquête du quotidien britannique The Guardian sur le blanchiment d’argent de 3 milliards de dollars par l’Azerbaïdjan au Royaume-Uni, a révélé des milliers de paiements cachés dans le cadre d’un effort de lobbying européen.
On l’appelle « la diplomatie du caviar ». L’Azerbaïdjan a dépensé 2,5 milliards d’euros entre 2012 et 2014, notamment pour s’attacher des soutiens à l’étranger, comme au Conseil de l’Europe, ont révélé, le 5 septembre dernier, plusieurs journaux européens dont The Guardian et Le Monde.
Cette enquête publiée le 5 septembre, intitulée « Blanchiment », menée conjointement par l’Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP) et une dizaine de journaux dont le français Le Monde, l’allemand Suddeutsche Zeitung, le britannique The Guardian ou le danois Berlingske, décortique plus de 16 000 transactions passées pour ce montant.
Selon Le Monde, ces transactions qui « forment sans doute seulement la partie émergée de l’iceberg » ont été effectuées, notamment via la filiale estonienne de la Danske Bank, par « quatre sociétés domiciliées au Royaume-Uni et secrètement liées au régime azerbaïdjanais ».
L’étude des relevés de ces transactions dévoile un système servant à « blanchir des fonds à la provenance douteuse, à financer le train de vie des caciques du régime et à acheter moyennant espèces sonnantes et trébuchantes des amitiés à l’étranger », poursuit Le Monde.
Selon le quotidien français, l’Azerbaïdjan cherche des soutiens dans son conflit avec l’Arménie sur le Haut-Karabagh mais surtout à « faire taire les critiques sur la répression politique orchestrée par le clan du président Ilham Aliev, au pouvoir depuis quatorze ans ».
D’anciennes figures de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, spécialisé dans la défense des droits humains, figurent selon le journal parmi les bénéficiaires des largesses de cette république du Caucase.
The Guardian rappelle que l’Azerbaïdjan est particulièrement désireux de présenter une image positive en Europe, car il a besoin d’un soutien européen important pour son projet phare, le transport de son gaz naturel vers l’UE, et ce malgré les sérieux abus du régime en matière de droits humains, une corruption systémique et des manipulations électorales.
Le corridor de transport de gaz de l’Azerbaïdjan vers l’Europe est l’un des plus grands projets d’infrastructure entrepris par l’industrie des combustibles fossiles, et représente un coût total d’environ 45 milliards de dollars.
Selon l’auteur, l’aspect le plus important du dernier scandale de fraude à frapper la Grande-Bretagne est que cela se produit malgré les promesses répétées du gouvernement de réprimer les personnes qui exploitent les faiblesses des lois fiscales et de gouvernance. En 2013, David Cameron, alors premier ministre, s’est engagé à mettre fin à l’évitement fiscal grâce à des règles de transparence plus strictes au Royaume-Uni et ses territoires d’outre-mer. Quatre ans plus tard, le gouvernement n’a toujours pas réussi à fermer complètement les failles qui permettent aux malfaiteurs de cacher de l’argent et aux multinationales d’éviter de payer leur juste part des impôts.