The Guardian : les dirigeants européens devraient boycotter les mini-olympiades de l’Azerbaïdjan

Jules Boykoff, journaliste au quotidien britannique The Guardian, a écrit : « L’Azerbaïdjan se prépare à accueillir les premiers Jeux européens, avec en toile de fond la répression. A partir du 12 juin, Bakou accueillera les mini-Jeux Olympiques pour les athlètes de haut niveau des 50 pays membres des Comités olympiques européens. En sélectionnant l’Azerbaïdjan – un état qui écrase ouvertement les idées dissidentes et censure les journalistes – les responsables du sport européen ont amplifié les pires éléments du Mouvement olympique : prix élevé, gigantisme, censure, et répression politique. Ce faisant, ils donnent au président autocratique d’Azerbaïdjan, Ilham Aliev, précisément ce dont il a envie, une publicité favorable sur la scène mondiale.
Le duo père-fils Heydar et Ilham Aliev gouvernent l’Azerbaïdjan depuis 1993. Peu de temps après la chute de l’Union soviétique en 1991, Heydar Aliev a consolidé le pouvoir, la supervision de la « phase sanglante » de son affrontement avec l’Arménie au sujet du Haut-Karabagh, et face à des allégations de corruption politique et le bourrage des urnes. Nommé par Brejnev, le père a remis la présidence à son fils Ilham Aliev en 2003.

Bakou 2015 est signe d’opulence et de faste, mais derrière, le canevas n’est pas joli. La répression politique est ciblée et endémique. Alors que les préparatifs des jeux avancent, environ 80 prisonniers politiques croupissent dans les prisons azerbaïdjanaises. Beaucoup d’autres militants des droits humains, et des journalistes sont victimes de harcèlement, d’interdictions de voyager et de menaces.
L’équipe de Grande Bretagne envoie à Bakou sa plus importante délégation d’athlètes depuis les Jeux Olympiques d’été de 2008 à Beijing, sous la direction de Simon Clegg. Clegg est l’ancien chef de l’Association olympique britannique qui a monté en puissance la propagande pro-Azerbaïdjan en tant que chef du comité organisateur de Bakou 2015. Il est l’incarnation de la maxime de Upton Sinclair « Il est difficile de trouver un homme qui comprend quelque chose, lorsque son salaire dépend de son incompréhension. »
Les dirigeants européens sont disposés à tolérer l’intolérance d’Aliev. Mais il est pas trop tard pour prendre une position de principe. Les gouvernements européens devraient envoyer un message en boycottant les Jeux européens. Cela priverait Aliev de ses sourires, la mouture d’or de la tyrannie. Assez de gestes obséquieux. La répression à Bakou tranche avec l’esprit de la charte olympique. Il n’est plus temps de faire de la morale sélective. »