Les députés européens ont voté, le 10 juin, une résolution appelant les autorités turques à reconnaitre le « génocide arménien ». Le Parlement européen a qualifié ces massacres de « génocide » dès 1987. Sa reconnaissance par le pape François avait provoqué la fureur d’Ankara, mais a, au contraire, été saluée par les eurodéputés. Le président turc avait prévenu par avance qu’il n’écouterait pas le vote des députés européens.
Le rapport salue par ailleurs le fort taux de participation aux élections législatives du 7 juin en Turquie, ainsi que la forte représentation du Parti démocratique des peuples (HDP) dans le Parlement nouvellement élu. En outre, le rapport se félicite de ce que la Turquie ait accueilli quelque 1 600 000 réfugiés syriens ayant fui la guerre civile. Dans son introduction, le rapport indique qu’il prend en considération la résolution du Parlement européen à l’occasion du centenaire du génocide arménien. Depuis la candidature officielle de la Turquie à l’UE, en 2005, le génocide arménien n’apparaissait plus dans les rapports européens. Or, la résolution à laquelle se réfère le rapport rompait enfin ce silence, retrouvant les accents de la résolution des années 1980 conditionnant une entrée de la Turquie dans l’Europe à sa reconnaissance du génocide des Arméniens, puisqu’elle appelait la Turquie à se réconcilier avec son passé et à reconnaitre le génocide arménien.
L’article 49 réitère l’appel à l’Arménie et à la Turquie à établir des relations diplomatiques et à ouvrir les frontières sans conditions préalables. Le Parlement européen a montré qu’il ne cédait pas aux pressions de la Turquie, dont le ministre en charge des affaires européennes, Volkan Bozkir, qui négocie avec l’UE en vue de l’adhésion turque, avait multiplié les menaces, annonçant que la Turquie n’accepterait le rapport que s’il ne comportait aucune mention du génocide des Arméniens. Le rapporteur Kati Piri (du groupe Socialistes et Démocrates, Pays-Bas) avait aussitôt réagi, en soulignant que le Parlement européen ne pouvait renier des textes déjà approuvés. Le rapport laisse néanmoins la porte de l’UE ouverte à la Turquie, mais le processus politique devient de plus en plus complexe, d’année en année.