Le Karabagh à court de nourriture et de médicaments

De Susan Badalian et Narine Ghalechian – Traduction N.P.

 

Les habitants du Haut-Karabagh ont lutté, le 19 juin dernier, contre l’aggravation des pénuries de nourriture et de médicaments, quatre jours après que l’Azerbaïdjan ait complètement bloqué les approvisionnements de secours vers la région peuplée d’Arméniens.

De nombreux articles essentiels manquent déjà depuis que Bakou a bloqué en décembre dernier le trafic commercial sur la seule route reliant le Karabagh à l’Arménie. Seuls des véhicules escortés par les forces russes de maintien de la paix et le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) ont pu emprunter le corridor de Latchine au cours des sept derniers mois.

La circulation de ces convois humanitaires a été interrompue, le 15 juin, à la suite d’une fusillade près d’un poste de contrôle azerbaïdjanais illégalement installé dans le corridor fin avril.

Le Service de sécurité nationale arménien (NSS) a déclaré que ses gardes-frontières avaient empêché un groupe de militaires azerbaïdjanais qui tenaient le point de contrôle d’avancer sur le territoire arménien et d’y placer un drapeau azerbaïdjanais. Le ministère azerbaïdjanais des Affaires étrangères a insisté sur le fait qu’ils n’étaient pas entrés en Arménie alors qu’ils tentaient de hisser leur drapeau sur un pont situé juste à côté du point de contrôle.

Les autorités sanitaires de Stepanakert ont déclaré que les hôpitaux locaux avaient suspendu, depuis le 19 juin, les opérations chirurgicales non urgentes en raison d’une pénurie de médicaments et d’autres fournitures médicales. Selon eux, un total de 175 patients du Karabagh gravement malades et les membres de leur famille sont en attente d’être évacués vers des hôpitaux en Arménie.

Ces évacuations ont été effectuées pendant des mois par le CICR. Ils ont également été interrompus le 15 juin dernier.

« Nous surveillons la situation et restons en contact avec tous les décideurs », a déclaré Eteri Mousayelian, porte-parole du CICR à Stepanakert. « Nous espérons reprendre nos travaux dès que la situation le permettra ».

Les habitants ont déclaré, en outre, que les magasins à l’intérieur et à l’extérieur de Stepanakert manquaient de denrées alimentaires importées telles que la farine, l’huile de cuisson et le sucre qui sont rationnés par les autorités depuis février.

« Nous avons des coupons de rationnement mais nous ne pouvons pas acheter grand-chose avec », s’est plaint Arega Ichkhanian, résidente de Stepanakert. Elle a également évoqué une pénurie de plus en plus « visible » de fruits et légumes.

Artak Beglarian, un responsable du Karabagh, a averti cette fin de semaine, que le Karabagh serait à court de certains types de nourriture et de médicaments d’ici quelques jours si les secours n’étaient pas rétablis.

« Il y a déjà une grave pénurie de nombreux médicaments, certaines denrées alimentaires, de l’essence et du carburant diesel », a-t-il déclaré.

Le Premier ministre arménien Nikol Pachinian a condamné, le 16 juin, le blocage total du trafic humanitaire par le corridor de Latchine, accusant l’Azerbaïdjan de poursuivre sa « politique de nettoyage ethnique au Haut-Karabagh ». Le ministère azerbaïdjanais des Affaires étrangères a rejeté les accusations et a ajouté que Bakou ferait tout pour « intégrer » les Arméniens du Karabagh selon les « cadres politiques, juridiques et socio-économiques » de l’Azerbaïdjan.