Selon Lavrov, l’Arménie se détourne de la Russie

Dans une entrevue accordée le 28 décembre dernier, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a déclaré que l’Arménie réorientait sa politique étrangère vers l’Occident aux dépens de son alliance de longue date avec la Russie.

« Malheureusement, Erévan, cédant à la persuasion des Occidentaux, tente de réformer sa ligne de politique étrangère », a-t-il déclaré à l’agence de presse TASS.

« Il ne s’agit pas d’un échange de son alliance éprouvée avec Moscou contre une aide concrète de l’Occident, mais seulement contre de vagues promesses ».

Lavrov semblait particulièrement préoccupé par ce qu’il a décrit comme l’approfondissement des liens entre l’Arménie et l’OTAN.

« Erévan a récemment développé sa coopération avec l’OTAN et différents pays membres », a-t-il déclaré. « Cette année, elle a participé à plusieurs dizaines d’événements avec l’alliance. Elle continue de moderniser ses forces armées conformément aux normes de l’OTAN et le personnel militaire de la république suit une formation dans plusieurs États membres. Cela ne peut que nous inquiéter ».

« J’espère qu’Erévan est consciente que l’approfondissement de l’interaction avec l’alliance conduit à une perte de souveraineté dans le domaine de la défense et de la sécurité nationales », a-t-il prévenu.

Un haut responsable de l’OTAN a félicité, auparavant, le gouvernement du premier ministre Nikol Pachinian de s’être éloigné de la Russie et de rechercher « davantage de coopération et de dialogue politique » avec l’OTAN.

« L’Arménie a décidé très clairement de modifier sa politique étrangère et de prendre ses distances de Moscou », a déclaré à la télévision géorgienne Javier Colomina, représentant spécial du secrétaire général de l’OTAN pour le Caucase du Sud et l’Asie centrale.

Pachinian a déclaré début septembre que son gouvernement souhaitait diversifier sa politique de sécurité parce que la forte dépendance de l’Arménie à l’égard de la Russie s’était avérée une erreur stratégique. Il a affirmé que Moscou ne voulait pas ou ne pouvait pas défendre son allié du Caucase du Sud. L’Arménie a accueilli un exercice militaire américano-arménien en septembre dernier.

Le ministère russe des Affaires étrangères a dénoncé ces « mesures inamicales » et autres, accusant Pachinian de détruire les relations russo-arméniennes à la demande des puissances occidentales. Le fossé entre les deux alliés de longue date s’est encore creusé après que Moscou n’a pas empêché ou arrêté l’offensive militaire azerbaïdjanaise des 19 et 20 septembre qui a rétabli le contrôle azerbaïdjanais sur le Haut-Karabagh.

Malgré des tensions accrues, Pachinian n’a annoncé aucun projet de retirer son pays de l’Organisation du Traité de sécurité collective (OTSC) dirigée par la Russie. Il a déclaré fin octobre que son administration n’envisageait pas non plus d’exiger le retrait des troupes russes d’Arménie, même si elle ne voyait aucun « avantage » à leur présence.

Lavrov a qualifié de « préjudiciable » toute discussion sur un tel retrait. Il a insisté sur le fait que l’Arménie ne peut pas faire face avec succès à ses graves défis en matière de sécurité avec l’aide des États-Unis et de l’Union européenne.

Les opposants de Pachinian ont également critiqué ses mesures de politique étrangère, tout en étant d’accord avec ses affirmations selon lesquelles la Russie n’honore pas pleinement ses engagements en matière de sécurité. Ils affirment que l’Occident n’est pas prêt à donner à l’Arménie des garanties de sécurité ou une aide militaire significative.