L’équipe juridique internationale de Ruben Vardanian, prisonnier politique détenu en Azerbaïdjan, a déposé, le 13 juin, un appel urgent auprès de la Dre Alice Edwards, rapporteuse spéciale des Nations unies sur la torture, l’implorant de condamner la torture et les mauvais traitements qui lui sont infligés par le gouvernement azerbaïdjanais.
« Ruben Vardanian est un chef d’entreprise arménien influent, un entrepreneur social et un philanthrope qui a également brièvement été ministre d’État du Haut-Karabagh.
« Le 27 septembre 2023, à la suite du nettoyage ethnique mené par l’Azerbaïdjan contre 120 000 Arméniens du Haut-Karabagh, Ruben a été arrêté alors qu’il tentait, avec le reste de la population civile, de traverser la frontière arménienne par le couloir de Latchine. Le même jour, il a été placé en détention provisoire et est depuis détenu sur la base d’accusations criminelles présumées sans fondement aucun.
« Dans le prolongement de la campagne de nettoyage ethnique menée par l’Azerbaïdjan, sa détention a été rapidement suivie par l’arrestation d’autres dirigeants du Haut-Karabagh.
« Fait troublant, la famille de Ruben et le conseil international ont appris que pendant sa grève de la faim en avril 2024, Ruben avait été placé dans une cellule disciplinaire, privé d’accès à l’eau potable, privé de sommeil, contraint d’occuper des positions stressantes, privé de l’accès à son avocat et détenu au secret dans des locaux fermés. « Nous ignorons encore toute l’ampleur du traumatisme psychologique et physique résultant de ce traitement.
Jared Genser, conseiller international de Ruben, a déclaré : « Ruben Vardanian est un humanitaire et philanthrope inspirant qui défend les droits humains de la population du Haut-Karabagh depuis de nombreuses années. Il est extrêmement révélateur que l’Azerbaïdjan le considère comme une menace qui doit être réduite au silence par la détention arbitraire et, plus récemment, par la torture et les mauvais traitements. Si l’Azerbaïdjan veut être pris au sérieux sur la scène internationale et s’il veut que la COP29 soit la « COP pour la paix », il doit cesser de maltraiter Ruben et le libérer immédiatement, ainsi que les autres prisonniers politiques du Haut-Karabagh. »
Du 5 au 25 avril 2024, Ruben Vardanian a entamé une grève de la faim pour protester contre ses poursuites pour des raisons politiques et contre celles des autres prisonniers arméniens. En représailles, les autorités du centre de détention provisoire des services de sécurité de l’État, où il est actuellement détenu, l’ont transféré dans une cellule disciplinaire, dont il n’a jamais été autorisé à sortir pendant toute la durée de sa grève de la faim. Les lumières de la cellule restaient allumées 24 heures sur 24, ce qui entraînait un grave manque de sommeil et un épuisement. En outre, il a été contraint de rester debout pendant de longues périodes et a été privé d’eau potable pendant plus de deux jours complets. De plus, il n’était pas autorisé à se laver ni à changer de vêtements ; on ne lui a pas donné de papier toilette ; il n’avait pas le droit d’avoir ni livres ni papiers et il n’y avait pas de draps (il devait donc dormir sur un matelas sale). Ce qui est particulièrement préoccupant, c’est que ni l’avocat de Ruben ni personne d’autre (y compris le médiateur local) n’ont été autorisés à lui rendre visite pendant la grève de la faim et sa communication avec le monde extérieur (par exemple, par le biais d’appels téléphoniques avec sa famille) a été interrompue.
Ce traitement, destiné à punir Ruben Vardanian pour avoir entamé une grève de la faim, ainsi que pour son service politique et son plaidoyer en faveur du Haut-Karabagh, viole les obligations de l’Azerbaïdjan en vertu de la Convention contre la torture, ainsi que de l’ensemble de règles minima des Nations unies pour le traitement des prisonniers (les Règles Nelson Mandela). Malheureusement, les mauvais traitements infligés à Ruben ne sont pas une surprise : l’Azerbaïdjan a un historique bien documenté de torture de prisonniers politiques en général et de détenus de souche arménienne en particulier. Compte tenu de l’appartenance ethnique de Ruben, de son statut d’ancien haut fonctionnaire du gouvernement du Haut-Karabagh, de ses critiques virulentes du traitement réservé par l’Azerbaïdjan au Haut-Karabagh et à sa population, et de sa détention aux mains des services de sécurité de l’État (qui sont notoires pour avoir torturé des Arméniens de souche), il court un risque imminent d’être soumis à de nouveaux actes de torture et à de nouveaux mauvais traitements.
Le fils de Ruben, David Vardanian, a déclaré : « Nous avons été choqués d’apprendre les horreurs que mon père a dû endurer. Il est terrifiant de penser à ce qui est infligé à d’autres prisonniers moins importants en Azerbaïdjan qui n’ont pas reçu le soutien international dont bénéficie mon père. Pour le bien de tous les prisonniers politiques actuels en Azerbaïdjan, qu’ils soient arméniens, azerbaïdjanais ou de toute autre nationalité, ce traitement inhumain des prisonniers doit cesser. Nous exhortons l’ONU à demander des comptes au gouvernement azerbaïdjanais et à contribuer à protéger la vie de mon père. »
De nombreuses organisations de défense des droits humains, gouvernements nationaux et organismes internationaux ont appelé l’Azerbaïdjan à libérer Ruben Vardanian et les autres prisonniers politiques du Haut-Karabagh. Plus récemment, le 11 juin 2024, le sénateur américain Ed Markey a appelé à la libération des prisonniers, notant et condamnant spécifiquement les récents mauvais traitements infligés à Ruben Vardanian.