Écrit en anglais par Souren Sargissian et publié dans The Armenian Mirror-Spectator en date du 1er septembre 2024
Au cours des deux derniers mois, les conventions nationales des partis républicain et démocrate ont eu lieu aux États-Unis. Le parti républicain a tenu sa convention nationale du 15 au 18 juillet à Milwaukee, dans le Wisconsin, et a désigné Donald Trump et David Vance comme candidats à la présidence et à la vice-présidence pour 2024. D’autre part, la convention nationale démocrate s’est tenue un peu plus tard, du 19 au 22 août à Chicago, dans l’Illinois, au cours de laquelle le parti démocrate a désigné Kamala Harris et Tim Walz comme candidats à la présidence et à la vice-présidence.
Les conventions nationales américaines sont des événements clés du calendrier politique américain, qui définissent les programmes et les objectifs des deux principaux partis et préparent le terrain pour les élections générales. Ces conventions offrent aux diplomates étrangers une occasion essentielle de se renseigner sur les agendas intérieurs et extérieurs de la prochaine administration américaine. Comprendre ces dynamiques est essentiel pour maintenir les liens bilatéraux et permettre d’éventuels ajustements politiques susceptibles d’avoir un impact sur les relations avec les États-Unis. La participation des ambassadeurs accrédités à Washington à ces conventions reflète leur intérêt stratégique à s’engager dans l’évolution de la politique américaine et à assurer un dialogue solide avec les principales parties prenantes américaines. Par conséquent, pour les diplomates, ces conventions ne sont pas seulement des événements cérémoniaux, mais des plateformes cruciales pour comprendre les priorités politiques de chaque parti et établir des relations avec des personnalités influentes des deux partis. C’est pourquoi il est important que les missions diplomatiques s’engagent à haut niveau dans les deux conventions, montrant ainsi leur volonté de travailler de manière tout aussi productive avec l’une ou l’autre administration potentielle, quel que soit le parti élu au pouvoir. De cette manière, les ambassadeurs peuvent atténuer les risques liés aux éventuels changements politiques aux États-Unis et établir des relations tant avec les partis républicain que démocrate.
Lilit Makunts, l’ambassadrice d’Arménie aux États-Unis, a participé à la Convention nationale républicaine et à la Convention nationale démocrate dans le cadre d’un programme du Département d’État destiné aux chefs de missions diplomatiques accrédités à Washington, ce qui a permis aux diplomates de mieux comprendre les processus politiques américains, en particulier les élections, et de dialoguer avec des personnalités politiques clés des deux principaux partis. À cet égard, il est important de prendre en compte le fait qu’une diplomatie efficace nécessite de s’adapter à la dynamique des deux principaux partis pour garantir que les intérêts de l’Arménie soient bien représentés et que les relations avec les décideurs politiques américains demeurent solides et productives.
Il ressort des communiqués officiels de l’ambassade que des discussions ont eu lieu avec les représentants du corps diplomatique, notamment d’anciens fonctionnaires de l’administration américaine, des membres du Congrès, des groupes de réflexion et des experts en politique étrangère. Ces discussions ont mis en lumière les priorités de politique étrangère et intérieure des deux parties. Cependant, d’après les déclarations de l’ambassade, il semble que l’ambassadrice Lilit Makunts a été moins impliquée dans les discussions républicaines que son homologue, l’ambassadeur géorgien, qui a discuté avec des sénateurs et représentants, dont les sénateurs Marco Rubio, Cory Gardner, Dan Sullivan, Bill Hagerty, le président de la Chambre Mike Johnson, le membre du Congrès Joe Wilson et des dirigeants de la politique étrangère du Parti républicain. En revanche, nous n’avons pas observé un tel niveau d’engagement avec les sénateurs et représentants républicains de la part de l’ambassadrice Makunts. Même si elle a eu la possibilité de s’impliquer auprès des républicains, elle n’a publié aucune information sur son engagement avec les représentants du Parti républicain. Il s’agit là d’une preuve circonstancielle que le gouvernement arménien n’est pas disposé à entretenir des liens plus étroits avec les républicains, ce qui serait très peu professionnel.
En revanche, nous observons un niveau d’engagement plus profond de la part de l’ambassadrice arménienne à la Convention nationale démocrate. Le gouvernement arménien actuel semble entretenir des relations de travail plus efficaces avec les démocrates qu’avec les républicains, une tendance particulièrement évidente durant la présidence de Donald Trump. Malgré les vastes opportunités de développements bilatéraux significatifs, la période de l’administration Trump a vu des progrès relativement limités dans les relations entre les États-Unis et l’Arménie.
Outre la participation de l’ambassadrice Makunts, une délégation de députés de l’Assemblée nationale arménienne, dont Sargis Khandanian, Tsovinar Vardanian et Sona Ghazarian, a assisté à la Convention nationale démocrate mais n’a pas participé à la Convention nationale républicaine. Il est prudent d’éviter de donner un traitement préférentiel à un parti, en particulier lorsque l’issue des élections est incertaine. En maintenant une approche équilibrée et en s’engageant auprès de tous les principaux partis politiques, les efforts diplomatiques arméniens peuvent mieux manœuvrer au sein de la politique américaine et promouvoir des relations plus solides et bipartites.
En ce qui concerne l’avenir des relations américano-arméniennes, il est crucial pour l’Arménie de mieux se positionner dans ces processus politiques afin de mieux s’adapter aux changements politiques possibles aux États-Unis en s’engageant de manière proactive et équitable avec les deux principaux partis américains et leurs membres et représentants clés. Le maintien de cet engagement bipartisan sera essentiel pour faire progresser les intérêts de l’Arménie aux États-Unis, quel que soit le parti politique dominant dans le pays. Bien entendu, s’engager avec les partis politiques n’équivaut pas à s’engager avec les administrations. Ainsi, travailler avec les partis implique d’interagir avec le Congrès, qui peut être dirigé par des républicains – un scénario que le gouvernement arménien semble vouloir éviter.
Traduction N.P.