Écrit en anglais par Souren Sargissian et publié dans The Armenian Mirror-Spectator en date du 22 janvier 2024
La récente crise du Yémen, au Moyen-Orient, est devenue une nouvelle arène où s’affrontent les intérêts des différents acteurs régionaux et internationaux. Les attaques lancées par les Houthis ont ciblé les principales voies de navigation situées en mer Rouge, la voie navigable la plus importante reliant l’Europe à l’Asie et à l’Afrique de l’Est. Les navires commerciaux américains ont également été des cibles directes des attaques. C’est pourquoi les États-Unis et d’autres grands États se sont aussitôt impliqués dans la crise.
Mais qui sont ces Houthis et qu’est-ce qui a provoqué cette nouvelle explosion du conflit ?
Les Houthis sont une milice basée au Yémen et alignée sur l’Iran. Le nom du groupe est issu du nom de son fondateur, Hussein Badreddin al-Houthi, qui représente la branche zaydite de l’islam chiite. Le groupe a émergé dans les années 1990, en partie en réaction à l’influence financière et religieuse croissante de l’Arabie saoudite. Cependant, le groupe est devenu visible à partir de 2004, lorsqu’il s’est rebellé contre le gouvernement à majorité sunnite du Yémen, provoquant sa démission et menant à une crise humanitaire. Le groupe, une organisation politique et militaire islamiste chiite soutenue par l’Iran, a passé des années à combattre une coalition militaire dirigée par l’Arabie saoudite pour s’opposer à l’influence religieuse de cette dernière au Yémen. Les Houthis comptent environ 20 000 combattants et leur nom officiel est Ansar Allah (partisans de Dieu). Le groupe contrôle la majeure partie de l’ouest du pays et est en charge de son littoral sur la mer Rouge.
Depuis la guerre en Palestine, les Houthis ont déclaré que toutes leurs attaques étaient en soutien aux Palestiniens et visaient à mettre fin à la guerre d’Israël contre le Hamas dans la bande de Gaza. Le leader Houthi Abdul Malik Al-Houthi a déclaré que ses forces étaient « prêtes à se déplacer par centaines de milliers pour rejoindre le peuple palestinien et affronter l’ennemi ». Ils ont déclaré qu’ils cibleraient uniquement le transport maritime depuis ou vers Israël, ce qui entraînerait une augmentation des coûts de transport et des milliers de navires essayant d’éviter la mer Rouge, ce qui affecterait de nombreux échanges internationaux.
Cette ligne maritime de la mer Rouge constitue, plus précisément, le moyen le plus court, le moins cher et le plus efficace de relier les routes entre l’Asie, certaines parties de l’Afrique et l’Europe via la Méditerranée. « 8 % du commerce mondial des céréales, 12 % du pétrole transporté par voie maritime et 8 % du commerce mondial du gaz naturel liquéfié » passent par cette route de la mer Rouge. C’est pourquoi toute forme d’attaque ou de menace d’attaque aura certainement un impact important sur le commerce international.
Les attaques actives et intenses, impliquant des dizaines de drones et de missiles par les Houthis, sont menées depuis le 19 novembre et la plus grande attaque visant directement des navires américains a eu lieu le 9 janvier, lorsqu’un missile balistique houthi a frappé un cargo appartenant et exploité par les États-Unis.
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Les États-Unis n’ont pas tardé à réagir. En alliance avec le Royaume-Uni, l’Australie, Bahreïn, le Canada et les Pays-Bas, elle a mené des frappes contre les rebelles Houthis. Le président Joe Biden a déclaré qu’il « n’hésitera pas à prendre des mesures supplémentaires pour protéger notre population et la libre circulation du commerce international si nécessaire ».
La décision de l’administration Biden de choisir une solution militaire à la crise de la mer Rouge a nécessité le soutien et l’implication des partenaires internationaux. C’est la raison pour laquelle Washington, en réponse aux dizaines d’attaques contre les navires internationaux dans la mer Rouge par les rebelles Houthis, a créé une coalition avec des partenaires tels que le Royaume-Uni, l’Australie, Bahreïn, le Canada et les Pays-Bas. Naturellement, cette campagne militaire peut ajouter des tensions supplémentaires dans l’ensemble de la région, où la situation est déjà tendue et elle peut provoquer une réaction en chaîne, notamment en raison des récents développements en Palestine.
Nous devons garder à l’esprit que malgré l’absence d’implication directe, la guerre civile yéménite est toujours considérée comme une guerre par procuration entre l’Iran et l’Arabie saoudite. Bien entendu, les intérêts des acteurs régionaux et mondiaux s’affrontent au Yémen, mais l’un des principaux points de tension entre l’Iran et l’Arabie saoudite est le Yémen lui-même. Il ne faut pas oublier que le processus de normalisation des relations entre l’Iran et l’Arabie saoudite a commencé il y a seulement quelques mois avec la médiation chinoise et que ce processus a commencé à susciter de sérieuses inquiétudes à Washington. De plus, depuis les négociations entre les Saoudiens et les Iraniens, il y avait de réelles chances pour une paix au Yémen, qui semble désormais fragile car ces attaques pourraient affaiblir considérablement la position des Houthis au Yémen, permettant aux forces soutenues par les Saoudiens de changer le statut quo sur le terrain.
Un autre problème est apparu entre l’Iran et le Pakistan le 19 janvier, lorsque les deux pays ont échangé des attaques de missiles contre leurs territoires respectifs. Bien que ces affrontements n’aient rien à voir avec la guerre à Gaza, ils n’en sont pas moins alarmants car il s’agit d’un autre conflit dans lequel l’Iran est impliqué.
Quant au Caucase du Sud, porte arrière de l’Iran, il faut comprendre que tout développement autour de l’Iran et l’affaiblissant les positions de Téhéran dans notre région a un impact direct sur l’Arménie, car à l’heure actuelle, l’Iran est le garant naturel de l’intégrité territoriale de l’Arménie. C’est uniquement grâce à ce facteur que l’Arménie est encore capable de préserver Syounik et son intégrité territoriale d’une éventuelle agression turco-azerbaïdjanaise.
Traduction N.P.