Écrit en anglais par Souren Sargissian et publié dans The Armenian Mirror-Spectator en date du 16 octobre 2024
Le Caucase du Sud n’a jamais revêtu une importance stratégique pour les États-Unis, aucun président depuis George H. W. Bush n’ayant fait de cette région une priorité dans ses stratégies de sécurité nationale. Les États-Unis reconnaissent néanmoins l’importance de cette région en raison de sa géographie et de son potentiel à réduire l’influence de la Russie. Les milieux politiques et analytiques américains estiment que la résolution des conflits dans le Caucase du Sud pourrait réduire la domination russe. La proximité de la région avec la Russie, rivale constante, l’Iran, adversaire indéfectible, et la Turquie, alliée stratégique, renforce encore son importance pour les États-Unis. Depuis l’indépendance de l’Arménie, les États-Unis ont cherché à faciliter la résolution des conflits arméno-turcs et du Haut-Karabagh. Lorsque l’occasion s’est présentée, la diplomatie américaine s’est activement engagée dans ces efforts.
Sous la présidence de Robert Kotcharian, l’administration Clinton a jugé acceptables les positions arméniennes sur le conflit du Karabagh et sur les relations avec la Turquie, ce qui a conduit les États-Unis à s’impliquer diplomatiquement. Sous cette même présidence, les États-Unis ont perçu une chance de résoudre le conflit arméno-azerbaïdjanais et ont invité les dirigeants des deux pays à Key West, puis à Washington, pour des négociations. Sous la présidence de Serge Sargissian, les États-Unis ont également apporté un soutien fort, notamment en ce qui concerne les relations arméno-turques, un processus connu sous le nom de « diplomatie du football », qui a reçu le soutien de l’administration Obama et de la secrétaire d’État Hillary Clinton elle-même.
Sous l’administration Biden, la politique américaine envers l’Arménie est restée active pour plusieurs raisons. Tout d’abord, l’influence russe s’est affaiblie en raison de son implication dans la crise ukrainienne. Ensuite, l’Arménie s’est montrée prête à faire des concessions unilatérales dans la normalisation des relations avec la Turquie et l’Azerbaïdjan. Cependant, l’absence de rencontres de haut niveau entre Biden et le président arménien Nikol Pachinian suggère que les questions bilatérales clés ne sont pas prioritaires. Cela indique que les intérêts américains dans la région sont plus régionaux que bilatéraux.
Les administrations Trump et Biden sont les seules administrations américaines à ne pas avoir eu de contact direct avec l’Arménie, car ni le président Trump ni le président Biden n’ont tenu de réunions ou d’appels téléphoniques avec le premier ministre Pachinian. La seule conversation notable a eu lieu entre le vice-président élu Mike Pence et le président Serge Sargissian avant le changement de régime arménien ou « révolution de velours ». Pachinian est le seul dirigeant arménien à n’avoir pas eu de contact direct avec un président américain, bien que les communications de bas niveau soient intenses. Cela indique l’absence d’un programme bilatéral de haut niveau.
Quelle est la prochaine étape ?
Dans 20 jours, les États-Unis tiendront des élections, et les perspectives d’un deuxième gouvernement Trump ou Harris demeurent incertaines. La politique de « l’Amérique d’abord » de Trump a donné la priorité à certaines relations étrangères tout en en négligeant d’autres, en particulier le Caucase du Sud, ce qui a conduit à une stagnation des relations, illustrée par son engagement limité avec l’Arménie, consistant principalement en quelques poignées de main formelles. L’administration Trump n’est notamment intervenue d’aucune manière lors des attaques de l’Azerbaïdjan contre l’Artsakh et l’Arménie en pleine élection présidentielle de 2020.
L’administration Biden n’a pas non plus pris de mesures concrètes pour protéger les Arméniens d’Artsakh du nettoyage ethnique perpétré par l’Azerbaïdjan. Si les exercices militaires américano-arméniens semblent marquer des progrès, les liens militaires restent sous-développés, car il n’y a pas eu de réunions bilatérales entre les secrétaires à la Défense américains et leurs homologues arméniens depuis l’administration Obama. Cela suggère un manque de points à l’ordre du jour de haut niveau à discuter.
La politique étrangère de Kamala Harris peut diverger de celle de Biden, mais les deux pays devraient s’aligner sur des préoccupations internationales telles que la lutte contre la Russie et la Chine. Il ne semble pas y avoir de plans pour de nouveaux éléments dans l’agenda américano-arménien ou pour un engagement plus approfondi. Après tout, contrairement à Harris, Biden avait une expérience significative de la politique étrangère, une solide compréhension des conflits du Caucase du Sud, des liens avec la communauté arménienne et a travaillé en étroite collaboration avec des lobbyistes arméniens, ce qui lui a permis de connaître personnellement et de s’impliquer dans les questions arméniennes.
Traduction N.P.