Écrit en anglais par Michael Rubin et publié dans The Armenian Mirror-Spectator en date du 30 novembre 2023
Cinq jours seulement après que Yuri Kim, secrétaire d’État adjoint par intérim, ait déclaré devant une commission sénatoriale que les États-Unis ne toléreraient aucune action militaire contre la communauté chrétienne du Haut-Karabagh, le dictateur azerbaïdjanais a ordonné à son armée d’attaquer. C’est ainsi qu’a été annihilée l’une des plus anciennes communautés chrétiennes du monde, lorsque les forces azerbaïdjanaises ont poussé à l’exil les 120 000 hommes, femmes et enfants de la région.
Certes, les dictateurs, de Pékin à Bakou, interprètent la faiblesse et la confusion du président Joe Biden comme un feu vert à l’agression. La diplomatie n’a aucune crédibilité lorsque les lignes rouges sont éphémères. Même si le Département d’État croit au pouvoir du dialogue, considérer les conflits uniquement sous l’angle d’un désaccord honnête conduit souvent à l’échec. L’idéologie compte. Il existe de nombreuses preuves que le racisme influence l’attitude du président azerbaïdjanais Ilham Aliev à l’égard des Arméniens. Maintenant, il semble que la cupidité est également de la partie.
Le cas de Gubad Ibadoghlu, universitaire azerbaïdjanais, est édifiant. Arrêté sur ordre d’Aliev l’été dernier, Ibadoghlu croupit en prison, privé de soins médicaux de base pour traiter son diabète et ses problèmes cardiaques. Ibadoghlu n’est pas un quelconque opposant; il s’agit plutôt d’un chercheur attentif dont les écrits expliquent pourquoi Aliev cherche désespérément à le faire taire.
Ibadoghlu dirige le Centre de recherche économique, un groupe de réflexion qu’il a créé pour étudier la politique macroéconomique et la bonne gouvernance. Les rapports d’Ibadoghlu documentent comment Aliev s’est emparé de terres agricoles de premier plan dans le Haut-Karabagh pour son bénéfice personnel. Alors qu’Aliev se plaint des mines à des fins de propagande, c’est cynique. Il a forcé le Trust Halo, financé par les Etats-Unis, à cesser ses propres opérations de déminage et a demandé aux donateurs de faire passer tout l’argent du déminage par son intermédiaire. Il a ensuite ordonné à ses propres démineurs de nettoyer uniquement les terres que ses intérêts exploitaient, laissant les Azerbaïdjanais ordinaires sans aide.
Son objectif est le monopole. Ibadoghlu documente comment le gouvernement azerbaïdjanais n’autorise pas d’autres agriculteurs à travailler au Karabagh. Comme il le révèle : « Toutes les sociétés qui louent des terres au Karabagh appartiennent soit à la famille du président… soit à de hauts fonctionnaires ». La propagande d’Aliev selon laquelle il aurait libéré le Karabagh pour les Azerbaïdjanais ordinaires est tout simplement fausse.Haut du formulaire
L’enrichissement personnel guide également le milieu de la construction. Comme l’a fait le président Recep Tayyip Erdogan en Turquie, les bénéfices d’Aliev doublent, d’abord en injectant des milliards de dollars dans ses propres entreprises de construction, puis en obligeant ceux qui cherchent à remporter des contrats azerbaïdjanais à payer des loyers exorbitants. Aliev et ses propagandistes ont beau répéter : « Le Karabagh est l’Azerbaïdjan » comme un mantra, mais l’Azerbaïdjan n’a jamais encore pleinement contrôlé la région. Cette réalité historique est la raison pour laquelle le dirigeant azerbaïdjanais a tant de mal à faire vivre les Azerbaïdjanais au Karabagh.
Alors que l’Azerbaïdjan et ses mandataires parrainent de somptueux voyages pour montrer la reconstruction aux Occidentaux crédules, la reconstruction que l’Azerbaïdjan montre, ce sont les contrats attribués à des entreprises turques et azerbaïdjanaises ayant des liens étroits avec les régimes au pouvoir dans les deux pays, et qui représentent la corruption alors qu’ils construisent des coquilles vides pour blanchir de l’argent.
La corruption prend de nombreuses formes. De nombreux dictateurs ne se contentent pas de 100 millions ou d’un milliard de dollars, mais en veulent davantage. Ils pourraient aborder le Haut-Karabagh en termes de souveraineté, mais le diable se cache dans les détails. Le désir de profit a influencé la décision d’entrer en guerre et de chasser de leurs terres les plus anciennes populations chrétiennes de la planète. Cela ne fait que rendre le silence de Washington encore plus honteux.
Un jour, les Arméniens reviendront et les Turcs et les Azerbaïdjanais récupéreront l’argent volé par leurs dirigeants. En attendant, la honte repose sur ceux qui facilitent de tels projets, non seulement à Ankara et Bakou mais aussi à Washington, Londres et Jérusalem.
Note : Michael Rubin contribue au blog Beltway Confidential du Washington Examiner. Il est chercheur principal à l’American Enterprise Institute. Cet article a d’abord été publié dans le Washington Examiner.
Traduction N.P.