À l’occasion de la fête de Saint Georges
le 23 avril de chaque année
Le Divin Cavalier et son cheval blanc
Un beau et robuste jeune cavalier moustachu et félin
qui porte, fièrement et dignement,
la majestueuse armure d’un haut commandant, ayant le prestigieux grade du tribun,
à l’armée puissante de l’époque glorieuse de l’Empire romain
et manie, avec dextérité, une lance, bien aiguisée, des deux mains
sur le dos d’un superbe cheval de combat vigoureux d’un immaculé blanc
qui domine un énorme dragon déchu crachant sa fureur et son venin
en se battant férocement pour repousser le coup de grâce qui le vise stratégiquement.
Une image qui, depuis longtemps, capte l’attention, suscite l’admiration
et alimente l’imagination de tous ceux qui la voient
et s’éprennent du panache et de la prouesse du vaillant et mythique combattant
chevauchant habilement son magnifique et captivant étalon.
La légende a tenté, pourtant,
de draper l’intrépide chevalier d’un voile opaque et mystifiant
pour l’emprisonner dans l’imaginaire et la fiction.
La force et la crédibilité des preuves irréfutables appuyant solidement
le récit réel de sa vie et de ses miracles, patents, retentissants et fréquents,
rayonnent, cependant, comme un soleil ardent en plein milieu du firmament
et témoignent clairement de la véracité de ses prodigieuses et nombreuses actions
pour le bien et le salut des gens de toutes les appartenances et les nations.
***
D’un fils exemplaire, à de pieux et remarquables parents,
à un guerrier redoutable qui menait toujours à la victoire son contingent,
il ne connut jamais l’échec ou l’abattement de son vivant
aux premiers siècles de l’ère chrétienne en Cappadoce et à la région du Levant.
Sollicitant un titre de noblesse pour couronner son mémorable cheminement,
il alla rejoindre le monarque païen qui festoyait exagérément, à ce moment,
avec quatre-vingts de ses rois réputés d’être impitoyables et méchants.
Les idoles de pierre étaient au centre de leur libation
où chacun des sujets devait boire en leur honneur
et leur prêter serment d’allégeance et de soumission,
à la cérémonie grandiose consacrée à leur vénération,
pour obtenir les faveurs de son vicieux et universel gouvernement
et éviter les courroux de ses membres et leur terrible châtiment.
Encenser devant les statuts habités des esprits maléfiques et des démons,
qui y prenaient refuge pour ériger des chimères et des illusions un culte imposant,
était le comble de l’euphorie et de l’extase des maudits dirigeants
dans leur folie de grandeur et ses affolantes hallucinations.
Ils voyaient dans le geste, aberrant et avilissant, un hommage délirant
rendu à leur prétendue auguste personne indirectement
pour satisfaire leur orgueil et apaiser leurs appréhensions
quant à sécuriser leur règne et garantir la suprématie de leur domination
en assurant, de la sorte, la succession à leur progéniture dans les futures générations.
***
Désolé et enragé du déclin et de la dégradation
qui frappaient de plein fouet les gouvernants
et les incitaient à imposer la débauche et la perversion,
sous les pires menaces et les flagrantes intimidations, à toute une population,
notamment celle des chrétiens qui, terrorisés des horribles persécutions,
vivaient dans le mutisme et le déni de leur croyance depuis trois ans,
l’officier valeureux, dont le prénom est Georges, décida sur-le-champ
de briser l’effrayante épine du mal ambiant et de redresser la situation
au profit de la liberté de la profession de foi et de son expression,
même s’il devait offrir sa vie et irriguer de son sang sa conviction
pour accorder la chance à la vérité de pousser et de fleurir
dans un milieu favorable à son épanouissement.
Il sacrifia sans hésiter, à cette intention, sa fortune, son renom et ses ambitions
pour défendre la foi au Tout-Puissant
par le biais du Christianisme qui était, en ce temps, encore naissant.
Les richesses et les gloires terrestres ont perdu, soudain, à sa vision
toute valeur et tout agrément
quand le prix à payer pour les acquérir lui coûterait son spirituel engagement
qui était le vrai sens de sa vie et sa véritable passion
face à laquelle s’éclipsaient tous ses temporels désirs et aspirations.
***
Devant une foule d’ignorants, d’hypocrites et d’arrogants
réunis ensemble sous l’étendard méprisable et répugnant
des intérêts matériels qui contrôlaient injustement le cours des évènements,
l’Esprit saint qui habitait le courageux chef militaire éleva le ton
et réprimanda publiquement les hauts responsables malfaisants
d’arpenter le sentier du malheur et des déceptions,
dont la fin est la perte et les lamentations,
et d’entrainer, par la ruse et la répression,
leurs sujets dans la même déplorable direction.
Il réfuta radicalement, sur un autre plan,
tous leurs mensonges et leurs fallacieux arguments
qui trompaient les simples et les innocents
et les précipitaient, avec eux, vers l’abîme et le néant.
Le jeune officier, bien respecté et considéré de ses supérieurs et des grands,
à l’irréprochable réputation qui lui assurait tranquillement un avenir influent et brillant,
se transforma, de cette façon, du jour au lendemain, en dangereux dissident
qui menaçait vivement l’ordre de l’empire de ses propos justes et convaincants
et de ses actes surprenants qu’on prenait pour de la sorcellerie qui n’avait nul équivalent.
En évoluant sur la voie de la vérité résolument,
tout ce qui émanait du défenseur aguerri de sa confession
n’était que de sérieux affronts et d’épouvantables conjurations
à l’égard des dieux fabriqués par les mains des plus habiles artisans.
Le comportement du militant hardi, dévoilant la réalité et se moquant ouvertement
de la fausse sainteté et de ses diverses et trompeuses manifestations,
appelait hautement les citoyens à la désobéissance et à la rébellion
contre un régime qui s’imposait par la fourberie, les représailles et l’oppression
à travers une soi-disant unique religion
pour se vêtir d’un habit sacralisant
qui rendait son enlèvement une capitale trahison
aux prétendument sacrées lois de l’empire et ses faux saints règlements.
Abjurer le dogme et le rite embrassés des plus prestigieux et puissants des conquérants
était une majeure transgression passible de la peine de mort et de l’exécution
au moyen de la torture et des effroyables tourments
pour servir d’exemple dissuasif à tous ceux qui seraient tentés
de commettre une telle irrémissible infraction.
***
Georges qui deviendrait saint, grâce à sa noble disposition et son extrême abnégation,
subit d’affiliée pendant sept ans
les affres les plus abominables réservées à un coupable de son étoffe et de son rang.
De la barbarie et de la sauvagerie des punitions,
il trouva trois fois la mort brutalement
pour ressusciter, par la divine volonté et sa miraculeuse intervention,
en pleine forme, le lendemain de sa disparition,
alors qu’on s’apprêtait à déclarer son décès officiellement et procéder à son inhumation.
Des supplices les plus inhumains aux ensorcellements les plus foudroyants,
en passant par tous les moyens qui font succomber inévitablement à la tentation,
dont la séduction,
rien ne réussit à détourner Georges de sa fervente vocation
et à ébranler son infaillible détermination
à sauver l’humanité du joug écrasant de la captivité et de la sujétion
à l’empire du mal et les facettes variées de ses subordinations.
***
Fermement soutenu par le ciel à chaque instant
et du Christ, en personne, qui lui multipliait les apparitions
pour guérir complètement ses graves et nombreuses blessures, fractures et lacérations
et lui décerner les plus précieuses et sublimes des promesses et des bénédictions,
pour le renforcer et l’encourager à aller de l’avant,
afin de vaincre le mal, symboliquement représenté par le féroce et hideux dragon,
Georges retrouvait non seulement la vie,
mais également sa santé, ses forces et sa vigueur de fin et invincible belligérant
et frappait tout le monde d’une ineffable stupéfaction
de son apparence parfaite sans la moindre affection.
Résolu plus que jamais à se battre jusqu’à l’achèvement
pour atteindre son seul et ultime cible triomphalement,
le champion de la foi, épris de son objectif culminant
et de son accomplissement à la perfection,
campa sur ses positions et exaspéra davantage ses assaillants
qui finirent par perdre tout espoir à sa conversion
et s’empressèrent de se débarrasser de lui définitivement
après avoir été, pendant des années, suffisamment ridiculisés notoirement
en pensant que leur présumée victime reconsidérerait sa position
et reviendrait sur sa suicidaire décision
face aux insoutenables et variables pressions et agressions
qu’aucun humain n’aurait pu endurer une de leurs infimes fractions.
Après avoir amené à la vraie foi une multitude d’adhérents
de différents âges, appartenances et professions,
tout le long de son combat acharné et de sa résistance héroïque de sept ans,
Georges fut décapité en publique finalement
pour laisser son corps bénir la terre et son âme veiller d’en-haut attentivement
sur tous ceux qui l’implorent dans la détresse et guettent son efficace et rapide médiation
pour courir à leur secours, la lance à la main, sur son immaculé cheval blanc,
vaincre sans délai, par l’Esprit saint de Son Seigneur en lui,
toute adversité, toute épreuve et toute tribulation
qui touchent ou menacent les croyants
comme aux temps des premiers chrétiens où il était un des contemporains
luttant en leur faveur, dévotement et avec acharnement,
pour finir par remporter une victoire écrasante sur le terrible dragon.
Amal M. Ragheb
Journaliste internationale et écrivaine