À l’occasion du 101e anniversaire
du Génocide arménien de 1915,
un rappel des cérémonies grandioses
qui ont eu lieu en Arménie,
l’année dernière,
pour commémorer le centenaire des massacres barbares
qui ont coûté la vie à un million et demi d’Arméniens
reconnus, tous, des martyres lors des célébrations
Plus fort que la mort …
la foi en Dieu qui immortalise
« La participation de l’Église copte orthodoxe aux cérémonies commémorant le centenaire du Génocide arménien n’est nullement pour évoquer un événement historique qui figure dans les annales de l’histoire, ou pour simplement réclamer les droits des victimes, mais c’est, avant tout, pour témoigner de la foi chrétienne qui ne meurt jamais et ne sera pas, par conséquent, le moindrement touchée par un génocide, quelle que soit son ampleur, qui vise ses fidèles, » telles étaient les déclarations officielles de Monseigneur Raphaël, un des grands évêques de l’Église copte orthodoxe, bien respecté et considéré dans les milieux ecclésiastiques égyptiens, régionaux et internationaux, qui accompagnait le Pape Tawadros II (Théodore II), Pape d’Alexandrie et Patriarche des Coptes orthodoxes, lors de sa visite historique en Arménie qui s’est étendue du 20 au 25 avril 2015, à l’occasion du centenaire du Génocide arménien dont les cérémonies le commémorant ont eu lieu à la capitale arménienne, Erevan, les 23 et 24 avril de la même année.
Il est à noter que c’est une première à l’Église copte orthodoxe, depuis que le Génocide arménien est survenu à l’orée du XXe siècle, qu’un de ses papes participe aux cérémonies religieuses de la commémoration des victimes qui ont péri à l’extermination ethnique précédant, de presque 8 ans, la chute de l’Empire ottoman. Il faut rappeler que le nombre des Arméniens qui ont été assassinés par les Turcs et leurs alliés de l’époque, dont les autorités allemandes, remonte à environ un million et demi de personnes. Nombre considérable à une période de l’histoire où la population arménienne n’était pas assez nombreuse pour subir une telle perte humaine majeure.
À cette occasion privilégiée et unique, dans l’histoire de l’Arménie et du monde, Mgr Raphaël a écrit sur sa page de Facebook les paroles touchantes qui suivent :
« Les Arméniens vivent encore, croient toujours au Christ par le biais d’une foi saine et infaillible, continuent de prier dans leurs églises qui ont été reconstruites et leur pays n’a pas cessé de brandir fièrement l’identité chrétienne. »
« En parallèle à cette victoire écrasante remportée sur la mort, la persécution religieuse à travers le monde continue de moissonner dans le sang les martyres fidèles à leur foi et à leurs valeurs religieuses sublimes. »
« C’est vraiment étrange que la veille du départ de la délégation de l’Église copte orthodoxe pour l’Arménie, présidée par son Pape, afin d’assister aux cérémonies commémorant le centenaire du Génocide arménien, une autre tuerie barbare survienne en Afrique visant la jeunesse éthiopienne. Ce qui a obligé le Pape d’Éthiopie de s’absenter de l’événement historique arménien pour porter, dans la réalité, la croix glorieuse de la persécution en soutenant son peuple martyrisé dans sa détresse. Les Éthiopiens se rallient, ainsi, aux Coptes et aux Arméniens dans leurs combats spirituels, dévoués et acharnés, qui irriguent et alimentent leur foi, droite et fructueuse, de leur sang. »
« Que les bénédictions de nos martyres, à travers les temps, ainsi que ceux qu’on a connus à l’époque moderne, en Arménie, en Égypte, en Éthiopie et partout dans le monde, soient avec nous pour toujours, amen. »
Il est à noter que le Pape Tawadros II a officiellement déclaré, lors de sa visite mémorable pour l’Arménie à l’occasion du centenaire de l’événement tragique, « la reconnaissance de l’Église copte orthodoxe du Génocide arménien et de ses innocentes victimes », en mettant au clair que « celui qui sacrifie sa vie pour Dieu et la patrie est un vrai martyre qui oblige, par son geste de grand amour et de dévotion, tout le monde de reconnaître son accession à ce rang céleste sublime qui dépasse celui des anges ».
Il a ajouté, à cet effet, que « peu importe si les gens refusent de reconnaître le Génocide arménien, tant que Dieu le reconnaît, vu que les victimes ont été assassinées tout en étant complètement innocentes et que leur seul crime, aux yeux de leurs bourreaux, était le simple fait qu’elles ont tenu à leur foi et à leur identité chrétiennes ».
De cette perspective, le Pape Tawadros II a confirmé que « l’Église copte orthodoxe partage, en profondeur, avec l’Église arménienne la mémoire du pénible Génocide qui a coûté aux Arméniens, au seuil du XXe siècle, la vie d’un nombre considérable d’innocents ».
L’héritier du siège de Saint Marc l’Apostolique, apôtre qui a introduit la Chrétienté en Égypte au 1er siècle de l’ère chrétienne, a saisi l’occasion pour souligner « la force des relations qui lient les deux églises, arménienne et copte, unies depuis les débuts du Christianisme par les mêmes foi et ferveur religieuse qui ont coûté à leurs peuples de nombreux martyres dont le sang a généreusement baigné et sanctifié leur sol ».
Profitant de l’événement centenaire de grande envergure, le Pape d’Alexandrie a, par ailleurs, indiqué que « l’Égypte a favorablement accueilli les Arméniens, rescapés du Génocide, suite aux massacres et les a chaleureusement intégrés dans la société égyptienne où ils ont vécu, pendant de longues décennies, parmi les Égyptiens tout en bénéficiant des mêmes droits et privilèges qu’eux ».
Voulant rendre un hommage grandiose, digne de la mémoire du sacrifice fatal et collectif de ses fidèles, l’Église arménienne a, de son côté, commémoré le centenaire du Génocide arménien par des cérémonies majestueuses, qui se sont étendues sur environ une semaine, débutant le 20 avril 2015, auxquelles ont été conviées les plus importantes et influentes personnalités du monde, dont les présidents russe, français, allemand, serbe et de nombreux autres chefs d’états, de gouvernements, de diplomatie et d’églises, ainsi que des leaders, des responsables et des représentants de haut niveau, pour assister au souvenir de cet horrible événement crucial dans l’histoire de l’humanité.
À cette occasion, toutes les églises arméniennes de par le monde se sont entendues à sonner leurs glas 100 fois en symbole des cent ans qui se sont écoulés depuis le début des terribles massacres qui ont été amorcés, par les Turcs et leurs complices, le 24 avril 1915 et se sont étendus jusqu’en 1917.
Ne voulant toujours pas reconnaître son crime horrifiant contre le Peuple arménien et l’humanité entière, la Turquie a multiplié, de sa part, les déclarations et les mesures hostiles à cette commémoration honorable rendue aux victimes arméniennes, à leurs familles et à leur peuple encore martyrisé par le souvenir si douloureux du carnage où nombre considérable d’Arméniens ont été sacrifiés, au seuil du XXe siècle, sur l’autel macabre des ardeurs colonisatrices et de l’injuste hégémonie.
Interdire les églises arméniennes de sonner les glas en Turquie, condamner violemment les déclarations du Pape François, Pape du Vatican, reconnaissant le Génocide arménien, et persécuter les chrétiens vivant sur le territoire turc, dont la communauté arménienne turque, ont fait partie de la riposte vengeresse des autorités turques contre la mobilisation internationale, massive et intensifiée, en faveur de la cause arménienne à l’occasion du centenaire du Génocide en avril 2015.
Il est à mentionner que l’Église arménienne mère, à Etchmiadzine, en Arménie, a officiellement canonisé, lors des célébrations, et plus précisément le 23 avril 2015, tous les Arméniens qui ont été tués pendant les massacres de 1915 et les a reconnus des martyres qui ont donné volontiers leur vie en cadeau à la survie de leur foi en leur Sublime Créateur.
Amal M. Ragheb
(Carmen Aprahamyan)
Journaliste internationale et écrivaine