La Russie a commencé à fournir à l’Arménie de nouvelles armes en conformité avec les contrats de défense de plusieurs millions de dollars signés par les deux pays alliés, a annoncé hier le ministre de la Défense, Seyran Ohanian.
Le gouvernement arménien avait pu les payer grâce à un prêt de 200 millions de $ que Moscou lui avait alloué il y a un an.
Le gouvernement avait décidé d’accélérer la mise en œuvre de l’accord suite à la guerre de quatre jours début avril au Haut-Karabagh. Il a chargé le ministère arménien de la Défense de négocier rapidement des contrats d’approvisionnement avec les agences gouvernementales russes compétentes.
“Presque tous les contrats ont été signés et les procédures interétatiques pour leur mise en œuvre sont terminées“, a expliqué Ohanian aux journalistes après avoir inspecté les troupes arméniennes stationnées le long de la frontière fortement militarisée avec l’Azerbaïdjan.
“Grâce à des instruments existants et dans le cadre des accords conclus par le passé, les importations d’armes russes sont actuellement en cours“, a t-il précisé alors qu’il était dans la région du Tavouch.
Fin juin, deux proches d’Ohanian s’étaient rendus à Moscou pour des entretiens avec de hauts fonctionnaires du ministère de la Défense russe, ainsi que des membres de l’agence gouvernementale russe en charge des transactions d’armes avec des États étrangers, Rosoboronexport.
Ohanian n’a pas précisé les types ou les quantités d’armes que l’Arménie va acheter aux Russes, avec des prix fixés bien au-dessous du niveau du marché international.
En février, Moscou a publié une longue liste d’armes de fabrication russe qui peuvent être achetées pour 200 millions $. Elle comprend notamment le système de lance-roquettes multiples Smerch, le système de roquettes lourdes thermobariques TOS-1A, des armes anti-chars et des missiles sol-air tirés à l’épaule.
Au cours des dernières années, la Russie aurait vendu 18 lanceurs Smerch et autant de systèmes TOS-1A à l’Azerbaïdjan ainsi que plus de 100 chars T-90, plus de 30 hélicoptères de combat et d’autres armes offensives. Les livraisons d’armes russes à l’Etat ennemi de l’Arménie, d’une valeur d’au moins 4 milliards $, provenaient de contrats signés en 2010-2011.
Les dirigeants arméniens ont intensifié leurs critiques des ventes d’armes russes à Bakou lors du conflit du Haut-Karabagh en avril dernier. Les Russes ont rejeté ces remarques, en justifiant qu’ils fournissaient des armes à l’Arménie et à l’Azerbaïdjan afin de maintenir « l’équilibre militaire » dans le conflit. L’ambassadeur russe en Azerbaïdjan a déclaré le mois dernier que Moscou a l’intention de signer de nouveaux contrats de défense avec Bakou.
Ohanian a défendu hier l’alliance militaire de l’Arménie avec la Russie, insistant sur le fait que cette derniere défendrait l’état du Caucase du Sud dans le cas d’une “agression“ étrangère.
Moscou et Erevan ont également négocié l’an dernier la livraison de missiles russes Iskander à l’armée arménienne. Avec un champ de tir allant jusqu’à 500 kilomètres, les systèmes sophistiqués rendraient l’infrastructure pétrolière et gazière de l’Azerbaïdjan encore plus vulnérable à des frappes de missiles arméniennes dans l’éventualité d’une guerre à grande échelle au Karabagh.
Un général de l’armée arménienne avait revendiqué en avril le fait que l’Arménie avait déjà de tels missiles dans son arsenal militaire. Il n’a eu aucune confirmation officielle.