Hermine Naghdalian devant l’APCE

Lors du débat libre à la fin de la session d’hiver de l’APCE (Assemblée parlementaire de la Communauté européenne), Hermine Naghdalian, vice-présidente de l’Assemblée nationale arménienne, qui a également été réélue vice-présidente de l’APCE, a fait une déclaration.
Dans son exposé, Mme Naghdalian a exprimé son inquiétude sur la condition des institutions démocratiques turques, l’un des sujets « brulants » de l’APCE.
« Malheureusement, les opinions exprimées par nos collègues lors des discussions précédentes n’ont pas été prises en compte et les propositions relatives à la reprise de la procédure de suivi en Turquie ont été refusées, ce qui aurait pu avoir un effet préventif sur les violations flagrantes des libertés démocratiques dans le pays, a-t-elle souligné, ajoutant que la Turquie est le voisin immédiat de l’Arménie, et que cette dernière a donc des raisons de s’inquiéter.
Se référant à la conduite antidémocratique des dirigeants turcs dans les relations avec ses voisins et maintenant fermée la frontière avec l’Arménie depuis 25 ans, négligeant ainsi les obligations internationales prises, Mme Naghdalian a décrit la politique turque comme absurde dans le contexte d’un monde actuel « sans frontières ».
« Que se passe-t-il dans cette Turquie moderne ? Sous prétexte de l’existence d’un État parallèle – comme est qualifié le mouvement Gülen par la Turquie – les fouilles et la neutralisation, ainsi que des arrestations en masse sont en cours. Je pense que vous comprenez ce qui menace les gens arrêtés et licenciés dans cet environnement. Actuellement, onze députés sont arrêtés et condamnés à de longues peines, » a-t-elle noté, exprimant sa préoccupation quant au sort des représentants des médias et des journalistes privés de liberté.
Dans cette situation, Mme Naghdalian a rappelé les violations manifestes de la liberté de parole et de l’immunité des députés de l’opposition, ainsi que la privation du droit d’assister à trois séances du parlement pour un député arménien qui aurait prononcé les mots « génocide arménien » et exhortant la Turquie à faire face à son passé.
« Tout ce qui se passe en Turquie en ce qui concerne les minorités nationales, l’éveil du nationalisme, l’instauration de la tyrannie et l’existence entre la guerre et la paix, nous rappellent les évènements qui se sont produits il y a cent ans, lorsque les Arméniens et les autres chrétiens ont été les victimes. Maintenant, c’est au tour des Kurdes d’être les victimes.
Les exigences de l’UE envers la Turquie – le respect des valeurs démocratiques, des minorités nationales et des droits de la personne – ne sont pas absurdes. Ce qui est absurde, c’est l’attitude des autorités turques face à ces demandes », a conclu la vice-présidente, demandant à l’APCE de réexaminer la reprise du processus de suivi avec la Turquie. Divers délégués européens se sont joints à cette demande.