Les Arméniens résidant dans la ville kurde de Zakho, près de la frontière avec la Turquie se sont massivement mobilisés pour commémorer le 102e anniversaire du Génocide des Arméniens. Eux-mêmes sont issus des familles de déplacés et de déportés dispersés aux confins de l’Empire ottoman par les autorités turques de l’époque et qui ont trouvé refuge dans ces régions montagneuses peuplées majoritairement de Kurdes et confinant avec le Kurdistan autonome d’Irak. La localité de Zakho compterait actuellement quelque 200 familles arméniennes, qui se sentent en sécurité dans cette ville située à 200 km environ au nord-ouest d’Erbil, la capitale du Kurdistan autonome, qui a accueilli d’ailleurs ces dernières années un grand nombre de chrétiens, dont des Arméniens, mais aussi des membres d’autres minorités religieuses, comme les Yézidis, qui ont dû fuir les persécutions et massacres perpétrés dans d’autres régions d’Irak par les djihadistes de l’Etat islamique. “Nous ne sommes qu’une poignée au Kurdistan. Mais grace à Dieu, nous jouissons de la plupart de nos droits”, a déclaré Ishkhan Milko, un membre arménien du conseil provincial de Duhok.
Les Arméniens disposent d’un siège dans ce Conseil régional et d’un siège dans le Parlement du Kurdistan autonome. S’ils sont peu nombreux, les Arméniens n’en entretiennent pas moins le souvenir douloureux d’une Histoire marquée par le génocide du 24 avril 1915. “Les Arméniens ont émigré de [ces régions], Bitlis, Erzurum, Van, Mush, et d’autres localités du Kurdistan du Nord [en Turquise]”, a déclaré pour sa part le Dr. Hogir Mohammed, un chercheur kurde sur le génocide arménien en évoquant le sort réservé aux habitants des villes turques situées à l’Est et au sud-est de la Turquie, une région désignée plus volontiers d’ailleus le nom de Kurdistan que d’Arménie par les Kurdes. “Ils ont empreinté des routes différentes, certaines passant à travers le désert syrien, et certains d’entre eux ont choisi de s’installer dès lors en Syrie, d’autres allant jusqu’en Jordanie et en Egypte. Certains autres sont venus s’atablir dans le Kurdistan irakien dont la ville de Zakho constituait la porte d’entrée “, a poursuivi le chercheur kurde qui rappelle que Zakho compte une école arménienne, qui a été fondée en 1969. “Nombre de musulmans fréquentaient l’école de l’Eglise. Nous étudiions aux côtés des Arméniens et ensuite, ils sont venus ici” explique Fahmi Ahmad, le directeur de l’école arménienne en évoquant avec quelque nostalgie cette époque où les “ Arméniens et les musulmans étudiaient côte à côte, les Arméniens s’initiant à l’Islam, les musulmans au christianisme”.