Artsakh, la mort d’un État démocratique, l’échec de l’ONU

La dernière invasion s’est déroulée rapidement et les agresseurs ont tué des centaines de chrétiens. L’Arménie n’avait d’autre choix que de sauver des milliers de ses citoyens de la mort en cédant son enclave du Haut-Karabagh aux forces brutales du dictateur azerbaïdjanais Ilham Aliev, selon l’article publié dans le quotidien The Telegraph par l’ancien juge des crimes de guerre de l’ONU Geoffrey Robertson.

Selon lui, attribuer à la Russie la responsabilité d’assurer la sécurité des Arméniens du Haut-Karabagh a été une décision peu judicieuse.

Dans son article, Robertson souligne que 120 000 Arméniens sont désormais contraints soit de quitter leurs foyers ancestraux, soit de vivre sous la tyrannie qui alimente la haine contre eux depuis des années.

« Le Haut-Karabagh a gagné la guerre en 1994 et a déclaré, comme le Kosovo, son droit à l’autodétermination. Pendant le quart de siècle suivant, il s’est gouverné avec l’aide de l’Arménie. Il l’a fait, de manière assez raisonnable, avec des élections équitables et des institutions démocratiques ainsi qu’un système judiciaire indépendant – comme je l’ai constaté en enquêtant sur la situation du pays pour un procès en 2014. Ce n’était pas, comme de nombreux journalistes l’ont dit la semaine dernière, un pays de « séparatistes arméniens » mais celui d’un peuple arménien dont les ancêtres vivaient sur ces hauts plateaux depuis des siècles et qui se sont battus et ont conquis pendant un quart de siècle le droit de résister à un dictateur brutal. Mais il y a eu de nombreuses provocations azéries sur la « ligne de contrôle ».

Quant aux Nations unies, le Haut-Karabagh restera dans les mémoires comme une raison supplémentaire pour laquelle l’institution n’est plus adaptée à sa mission. Cet objectif, nous rappelle sa Charte, est de « sauver les générations futures du fléau de la guerre », mais elle ne peut expulser la Russie (même si Poutine utilise des armes nucléaires), qui opposerait son veto à sa propre expulsion, et ne peut pas non plus expulser l’Azerbaïdjan pour agression (parce que la Russie opposerait son veto à la recommandation nécessaire du Conseil de sécurité).

La seule façon d’avancer est de remplacer l’ONU, car son Conseil de sécurité n’est plus adapté à ses objectifs. Elle est incapable de se réformer, car la Russie et la Chine opposeront leur veto. La « sécurité » ne viendra que d’un organe représentatif international doté du pouvoir moral, militaire et économique nécessaire pour dissuader une agression autoritaire », a écrit Geoffrey Robertson.