Arman Tatoyan, ancien défenseur des droits de l’homme et médiateur d’Arménie, a précisé lors d’une table ronde à l’Université américaine d’Arménie que dès le début, les autorités azerbaïdjanaises avaient pour objectif de totalement désarméniser l’Artsakh (Haut-Karabagh) afin que ses habitants soient obligés de quitter la région, bien que ce soit la résidence millénaire de leurs ancêtres.
Tatoyan a rappelé que l’Azerbaïdjan a commencé sa politique de blocus en décembre 2022, lorsque de faux militants écologistes azerbaïdjanais ont bloqué la seule issue du Karabagh vers l’Arménie.
« En fait, il s’agissait d’agents des autorités azerbaïdjanaises. Comme déjà mentionné dans le rapport, ces personnes n’avaient rien à voir avec l’écologie, étaient financées soit par la Fondation Heydar Aliev, soit par l’appareil [du président azerbaïdjanais] Ilham Aliev, et elles étaient pour la plupart des militaires anciens ou actuels, ainsi que des représentants de la Turquie, comme en témoigne le drapeau turc de certains ‘éco-militants’ », a souligné Tatoyan.
Il a rappelé qu’après la guerre de 2020, quatre grandes colonies sont demeurées arméniennes et que l’objectif de l’agression militaire de l’Azerbaïdjan en septembre 2023 était de les isoler les unes des autres, de couper les systèmes d’approvisionnement en eau, ce qui s’est produit à Stepanakert, la capitale du Haut-Karabagh alors que les habitants ont dû boire l’eau des montagnes.
Durant le siège azerbaïdjanais, les habitants du Haut-Karabagh se sont rendus à pied dans d’autres localités pour trouver de la nourriture et les Azerbaïdjanais en ont profité pour intensifier le sentiment de panique au sein de la population au moment de l’agression. L’agression a commencé durant la journée, alors que les gens travaillaient à la recherche de nourriture, que les enfants étaient à l’école et que les familles étaient séparées et tentaient de se retrouver.
Tatoyan a présenté en détail sur les cartes les actions des forces azerbaïdjanaises dans chaque zone, lorsque l’armée azerbaïdjanaise a littéralement « pressé » la population et les a conduits à pied d’un village à l’autre.
Les Azerbaïdjanais ont fermé toutes les sorties de Stepanakert et occupé les entrées dans la capitale.
« Il existe des cas bien connus d’exécutions délibérées de civils par des Azerbaïdjanais », a notamment souligné Tatoyan.
« L’agression s’est accompagnée de frappes d’artillerie contre des colonies et des routes », a-t-il ajouté.
Selon lui, lors de l’agression militaire des 19 et 20 septembre 2023, contrairement à la précédente, les forces armées azerbaïdjanaises, suivant les instructions des autorités azerbaïdjanaises, n’ont pas diffusé de vidéos de leurs « exploits », se limitant à de courts vidéos, ce qui complique le travail des groupes de suivi.
« La politique de l’Azerbaïdjan envers l’Artsakh et l’Arménie est identique. Dans le cas de l’Artsakh, elle est plus démonstrative, mais globalement identique. Terreur, y compris au plus haut niveau, isolement des sources d’eau. La même chose se produit à Vayots Dzor, Gegharkounik et Syounik [Provinces d’Arménie] ; la vie normale des gens a été perturbée », a déclaré Tatoyan.
En conclusion, il a montré une vidéo de la situation dans le village arménien de Nerkin Hand, encerclé par les troupes azerbaïdjanaises, où en février l’Azerbaïdjan a tiré sur les positions arméniennes, tuant quatre militaires.