Ignorant les graves inquiétudes exprimées par les écologistes, mardi le Parlement arménien a autorisé le gouvernement à augmenter considérablement la quantité d’eau du lac Sevan utilisée pour l’irrigation cette année.
Le vaste lac montagneux, vital pour l’écosystème arménien tout entier, est une source d’eau d’irrigation fournie à la vallée Ararat, située à l’ouest et au sud d’Erevan, à travers la rivière Hrazdan. Elle alimente également le deuxième complexe hydroélectrique du pays, construit le long de la rivière à l’époque soviétique.
La législation arménienne permet au gouvernement d’utiliser plus de 170 millions de mètres cubes d’eau du lac Sevan chaque année à des fins d’irrigation et de production d’électricité. Le gouvernement a demandé à l’Assemblée Nationale d’augmenter ce plafond de 100 millions de mètres cubes pour la saison d’irrigation actuelle, à cause d’une baisse des précipitations en 2017.
En présentant le projet de loi aux législateurs, le chef du Comité d’État sur les Ressources en Eau, Arsen Harutiunian, a déclaré qu’environ 130 000 agriculteurs risquaient actuellement de graves pénuries d’eau qui pourraient avoir des conséquences dévastatrices pour leurs cultures.
Les principaux groupes de protection de l’environnement arméniens sont fortement opposés à cette mesure urgente. Ils considèrent que cela irait à contre courant d’une augmentation de plus de dix ans du niveau d’eau de Sevan, considérée comme essentielle pour sauver son écosystème en voie de disparition.
Le ministère arménien de la Protection de l’environnementa ajouté sa voix à ces préoccupations. Il estime que le niveau d’eau de Sevan baisserait de 8 centimètres en conséquence.
« [Les plans du gouvernement] auront un impact sur l’écosystème » a admis Harutiunian. « Mais le problème que nous mettons en évidence est beaucoup plus important », a-t-il annoncé, se référant au secteur agricole en difficulté.
Harutiunian a également soutenu que le niveau de Sevan a augmenté de 16 centimètres en 2015 et de 18 centimètres l’année dernière, principalement en raison de l’eau pompée dans le lac depuis d’autres rivières à travers deux canaux souterrains. Le lac aura donc plus d’eau qu’en 2016, même après l’approvisionnement en eau d’urgence, a déclaré le responsable avant que le Parlement n’approuve le projet de loi en première lecture.
Seuls trois députés, tous représentants de l’alliance d’opposition Yelk, ont voté contre la mesure. L’une d’eux, Lena Nazarian, a déclaré que, au lieu de chercher à augmenter la consommation de l’eau de Sevan, le gouvernement aurait dû réduire le gaspillage persistant de l’eau d’irrigation. Elle a ajouté que les réseaux d’irrigation restent très inefficaces malgré les nombreux fonds budgétaires qui ont été alloués ces dernières années pour leur réhabilitation.
Harutiunian a reconnu qu’environ 55% de l’eau d’irrigation est perdue avant d’atteindre les agriculteurs.