Libération de l’assassin de Hrant Dink

Hrant Dink, journaliste, rédacteur en chef de l’hebdomadaire turco-arménien bilingue Agos et écrivain turc d’origine arménienne, a été abattu en pleine rue le 19 janvier 2007. Son meurtrier Ögün Samast, alors âgé de 17 ans seulement, a bénéficié d’une libération pour « bonne conduite » le 15 novembre 2023, tandis que les commanditaires de son acte n’ont toujours pas été identifiés, déplore la presse d’opposition.

Militant d’extrême droite, son jeune assassin, condamné à près de 23 ans de prison en 2011, a fini par être libéré le 15 novembre 2023, seize ans après les faits.

L’identité de ceux qui ont armé le bras de l’assassin reste encore débattue, regrette la presse d’opposition. Les ultranationalistes laïcs ont été, dans un premier temps, pointés du doigt, avant que le pouvoir actuel n’accuse la confrérie de l’imam Fethullah Gülen [ancien allié du président Erdogan, devenu son ennemi juré] d’avoir été à la manœuvre. Seule certitude, le meurtrier a bénéficié du soutien ou de la complicité de membres des forces de sécurité et a commis son acte dans un contexte de déchaînement public de haine envers la minorité arménienne, qui compte au moins 40 000 personnes, surtout à Istanbul.

Nouvellement élu à la tête du CHP (Parti républicain du peuple), le principal parti de l’opposition républicaine et laïque, Özgür Özel s’est recueilli, le 18 novembre, sur les lieux du meurtre, en signe de protestation. Il y a déposé une gerbe de fleurs, accompagné des slogans habituels « Nous sommes tous Hrant, nous sommes tous arméniens ».

Devant le tollé suscité par la libération anticipée du meurtrier, les autorités ont fait savoir qu’une nouvelle instruction judiciaire pour « crime au nom d’une organisation terroriste » avait été ouverte, rapporte le quotidien Cumhuriyet. Il devrait être convoqué devant un juge le 26 décembre, rapporte le journal.

En 2021, quatre personnes ont été condamnées à la prison à vie dans le cadre d’un autre procès pour l’assassinat de Hrant Dink. Ces chefs de la police et ex-responsables de la gendarmerie étaient informés du projet d’assassinat mais n’avaient pris aucune mesure pour l’empêcher.