Par Dr. Arshavir Gundjian et publié dans Inistitut Tchopanian en date du 25 octobre 2023
Au cours de cette période, notre patrie et le peuple arménien, tant dans la patrie que dans la diaspora, traversent l’une des périodes les plus difficiles de notre histoire moderne. Dans cette période de graves crises physiques et psychologiques, il est inévitable et même attendu que notre peuple, confronté à des pertes irréversibles sur l’ensemble du territoire de la patrie, exprime sa colère avec une juste révulsion sous la pression de profondes déceptions successives.
Dans la diaspora, à notre tour, en tant qu’Arméniens responsables, beaucoup d’entre nous ont considéré que l’un des principaux devoirs de notre vie, dans les limites de nos capacités, est de consacrer une part importante de notre temps et de nos ressources matérielles et intellectuelles au service de notre nation.
En conséquence de cette situation, dans une atmosphère aussi électrisée de colère justifiée, il serait difficile de trouver un Arménien dans l’ensemble de la diaspora qui ne ressentirait pas le besoin de participer à des efforts de protestation ou d’aide d’une manière ou d’une autre en faveur de notre peuple.
Notre plainte et notre colère s’adressent en premier lieu à nos adversaires de toujours, les Azerbaïdjanais et les Turcs. Notre protestation s’adresse ensuite aux autres nations du monde, en particulier aux soi-disant grandes nations, qui sont censées s’engager à appliquer la justice conformément aux normes internationales. Ces dernières nous ont également abandonnés aujourd’hui. Honte à elles, mille fois.
Enfin, dans les rangs des responsables se trouvent inévitablement, en Arménie et en Artsakh, les soi-disant forces politiques du moment qui ont assumé la responsabilité de la direction politique du pays, et qui sont divisées en groupes appelés le gouvernement et l’opposition. Parmi tous les coupables susmentionnés, ces derniers sont particulièrement responsables du crime odieux qui a conduit la patrie au bord de l’abîme existentiel.
Face à cette situation nationale déplorable et incroyable, il est de notre devoir profond, en particulier dans la diaspora, de réaliser qu’il existe aujourd’hui une sainteté suprême, l’indépendance de l’État arménien, c’est-à-dire la République d’Arménie avec tous ses symboles, et de diffuser cette connaissance. L’État d’Arménie et ses symboles sont supérieurs et plus sacrés que n’importe quel mouvement, parti ou dirigeant politique. Dans la diaspora en particulier, ces symboles sont notre drapeau national, l’ambassade de la République d’Arménie et l’ambassadeur de la République d’Arménie qui la dirige. Ces trois symboles sont nos saints suprêmes en tant qu’Arméniens et nous devons les défendre.
C’est pourquoi, le week-end dernier à Toronto, à l’occasion d’un événement important du Hayastan All Armenian Fund, la manifestation qui a été faite contre l’ambassadrice extraordinaire et plénipotentiaire de l’Arménie au Canada Anahit Harutyunyan, l’empêchant d’être présente à cette initiative au profit de la nation arménienne, était complètement inappropriée et, plus grave encore, fondamentalement erronée et répréhensible. Cette ambassadrice est connue dans toute notre communauté pour ses caractéristiques exceptionnelles de diplomate compétente, grâce à ses interventions influentes dans les cercles diplomatiques canadiens, ainsi que pour avoir encouragé sans réserve toutes les initiatives importantes de notre communauté, sans exception.
Il ne fait aucun doute que nous avons tous des critiques sérieuses et justifiées à l’égard des cercles politiques et des autorités qui ont assumé des responsabilités aujourd’hui dans notre patrie d’Arménie-Artsakh. Nous avons également des commentaires sur certains modes de fonctionnement du Fonds Hayastan pour tous les Arméniens.
Cependant, il y a de bonnes et de mauvaises façons d’exprimer tout cela.
La manifestation qui s’est déroulée à Toronto était totalement inappropriée et erronée. Le temps et l’énergie gaspillés auraient dû être dirigés contre les ambassadeurs d’Azerbaïdjan et de Turquie, et même, en tant que Canadiens, contre les dirigeants de ce pays.
Pour ma part, en tant qu’Arménien canadien, récipiendaire de la médaille de l’Ordre du Canada et l’un des membres fondateurs du Hayastan All Armenian Fund en 1992, je voudrais m’excuser auprès de l’ambassadeur Anahit Harutyunyan, le représentant de la République d’Arménie au Canada.