2ème partie
L‘Azerbaïdjan est la pierre angulaire des relations de l’Arménie avec la Turquie.
Tant que la question du Karabagh n’a pas été réglée avec l’Azerbaïdjan, il n’y aura pas d’amélioration des relations entre l’Arménie et la Turquie.
Depuis 1994, date à laquelle un cessez-le-feu fragile a été instauré grâce aux efforts de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et le Groupe de Minsk coprésidé par les Etats-Unis, la France et la Russie, est une question manipulée. En apparence, il semble que les coprésidents sont sur la même longueur d’onde, mais puisque aucune solution n’a encore été trouvée, il est évident que les parties concernées ont des intérêts et des objectifs contradictoires.
Jusqu’à présent, le cadre juridique proposé est défini en vertu des principes de Madrid, qui appellent à l’autodétermination dans le respect de l’intégrité territoriale de l’Azerbaïdjan.
Même les pays amis, comme la Russie et l’Iran ont approuvé ce principe de l’intégrité territoriale.
La position de la partie arménienne est que le Karabagh a obtenu son indépendance à travers le même processus que l’Azerbaïdjan, en utilisant les dispositions de la constitution soviétique de l’époque. De plus, le Karabagh n’a jamais été historiquement un territoire de l’Azerbaïdjan, même au cours de l’ère soviétique. C’était une région autonome, sous juridiction administrative de l’Azerbaïdjan, très semblable à la République autonome du Nakhitchevan.
Basé sur le principe de l’intégrité territoriale, l’Azerbaïdjan a été en mesure de faire adopter quatre résolutions calomniant l’Arménie au Conseil de sécurité des Nations Unies sous la direction d’Ankara et la solidarité des Etats islamiques.
Le cessez-le-feu sur la ligne de contact est violé sur une base quotidienne et les réprimandes de l’OSCE sont dirigées vers les deux parties, quelles que soient les faits sur le terrain.
L’Azerbaïdjan a menacé de résoudre le conflit par la force, et le Président Aliev ne semble pas satisfait du retour du Karabagh et de sept régions adjacentes à l’Azerbaïdjan, il prétend même que tout le territoire de la République d’Arménie est une terre historique azérie.
La récente escalade est indicatrice des intentions agressives de Bakou. Chaque fois que l’Azerbaïdjan se rapproche de Moscou, Ankara propose un appât en utilisant le facteur arménien.
Lorsque la Géorgie a obtenu son indépendance, il y avait 400 000 Arméniens vivant sur son territoire, la moitié de ce nombre dans la région arménienne historique du Djavakhk.
Les gouvernements successifs de Tbilissi ont essayé de dépeupler l’enclave arménienne à travers des politiques directes et indirectes. A un certain moment, les Turcs Metzkhet ont été invités à revenir d’Asie centrale pour s’installer au Djavakhk. La débauche économique et la répression politique ont également été utilisées pour forcer les Arméniens à abandonner leur territoire historique.
Au cours de l’administration du président Mikhaïl Saakachvili, la même politique a entraîné la perte de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud.
Le gouvernement de Tbilissi agit de connivence avec la Turquie et l’Azerbaïdjan pour isoler l’Arménie dans tous les projets de développement économique. Les oléoducs et les systèmes ferroviaires ont été conçus pour contourner l’Arménie.
La Géorgie n’a pas caché ses intentions : elle veut adhérer à l’OTAN. Mais l’Occident agit avec prudence afin de ne pas aggraver ses relations avec la Russie.
Dans un premier temps, le gouvernement géorgien a décidé d’accueillir une base militaire turque sur son territoire. Ce plan bénéficiera plus à la Turquie qu’à l’Occident en faisant la promotion de ses objectifs pan-ottomans.
L’argent turc a inondé la Géorgie, en particulier la région d’Adjarie qui se trouve sous le contrôle indirect de la Turquie.
Récemment le militant politique du Djavakhk, Vahakn Chakhalian, a lancé un appel intitulé « Non à la turquification de la Géorgie. »
La Géorgie étant le principal débouché économique viable vers le monde, le gouvernement d’Arménie est obligé de manœuvrer à travers toutes les indignités politiques.
L’Iran est le seul pays avec lequel l’Arménie n’a pas de conflit territorial. Avec la levée des sanctions, certains plans économiques ont été réactivés : un barrage hydroélectrique et le système de chemin de fer, ce dernier devant être financé par la Chine.
Durant l’administration Elchibey, le gouvernement de Bakou a menacé de conquérir et d’intégrer l’Azerbaïdjan du Nord de l’Iran à son propre territoire. On estime que 25 à 30 millions d’Azéris vivent en Azerbaïdjan iranien. Ce plan était également très pratique pour l’Occident, qui aurait bénéficié de la partition d’un Iran puissant.
Israël et l’Occident ont longtemps eu l’intention d’utiliser le territoire de l’Azerbaïdjan comme rampe de lancement pour une attaque contre l’Iran. Mais le récent accord nucléaire et le partenariat stratégique de l’Iran avec la Russie ont perturbé la mise en œuvre de ce plan.
L’Arménie cherche actuellement à améliorer ses liens économiques avec l’Iran. Les relations entre l’Iran et l’Azerbaïdjan peuvent toujours s’embraser, surtout lorsque Bakou ne cesse de rabâcher sa formule politique favorite « une nation, deux états » en compagnie de la Turquie.
Le bassin de la Caspienne est également une pomme de discorde entre l’Iran et l’Azerbaïdjan. La Russie est également partie à ce conflit. Le statut de la mer Caspienne est une question non résolue ; est-ce un lac ou une mer ? La réponse permet au droit international d’être façonné en conséquence. Une fois que l’Azerbaïdjan a commencé à explorer les gisements de gaz sous les eaux inexplorées de la mer Caspienne, l’Iran a envoyé ses navires de guerre pour les bloquer.
Les relations arméno-iraniennes ne font pas face à de telles tensions.
L’avenir de l’Arménie
Absorbée dans la sphère russe, l’Arménie devra faire face à tous les dangers qui menacent les intérêts de la Russie dans la région. Bien que l’Arménie souffre des conséquences de cette alliance, les avantages économiques ne sont pas proportionnels aux risques. Le principal avantage est la sécurité de l’Arménie dans cet environnement dangereux.
Aujourd’hui, l’Arménie fait face à une situation grave en perdant la masse critique de sa population. La priorité numéro un est d’améliorer le sort des citoyens ordinaires, ce qui réveillera l’espoir en l’avenir. Au cours de sa première année d’indépendance, malgré l’obscurité, le manque de chaleur et de pain, il y avait l’espoir fervent en l’avenir. Il semble que l’espoir a disparu lorsque les lumières se sont allumées.
Seule l’amélioration de la vie quotidienne peut arrêter le flux de l’émigration et raviver l’espoir d’un avenir meilleur.
Traduction N.P.