Après avoir commémoré le tournant historique du centenaire de génocide dans une unité et une solidarité rare, l’Arménie a célébré un autre évènement vital, la renaissance de l’Etat souverain arménien le 28 mai 1918.
Durant de nombreuses décennies, l’acte qui a rétabli l’Etat d’Arménie a subi différentes interprétations. Aujourd’hui, lors de la troisième étape du développement de l’Etat de l’Arménie, il est temps d’accorder à cet évènement historique son propre rôle en tant que date de la renaissance de l’État arménien.
La prochaine étape de ce développement a été le 29 novembre 1920, lorsque le régime soviétique s’est installé en Arménie, déclenchant des controverses d’égale intensité que l’étape précédente. Le système soviétique était une expérience humaine infernale qui a pris un lourd tribut en vies humaines en Arménie. Aussi contradictoire que cela puisse paraître, le système soviétique a instauré la stabilité à l’Arménie, a contribué à son développement démographique, et a eu pour conséquence l’âge d’or de la culture arménienne, de l’érudition et de la science.
La troisième étape a commencé le 21 septembre 1991, avec l’effondrement de l’Union soviétique et la création de l’Arménie indépendante. Il est vain de tenter de comparer ces dates, parce que chacune a servi de bloc de construction de l’histoire arménienne moderne.
La République soviétique d’Arménie n’aurait pu exister sans la souveraineté de l’Arménie établie le 28 mai.
De même, la République soviétique n’aurait survécu, si les Arméniens ne s’étaient pas réveiller dans le vide territorial d’une patrie ancestrale perdue.
Dans chaque cas, l’indépendance a été poussée vers l’Arménie par les marées historiques qui ont balayé la région. Certes, à leur crédit, les Arméniens ont profité de ces occasions historiques et charpenté leur nation.
Alors que la Première Guerre mondiale tirait à sa fin, a eu lieu la révolution russe de 1917, et les nations soumises ont été abandonnées à leurs sorts. Durant une courte période, l’Arménie, la Géorgie et l’Azerbaïdjan se sont réunis pour former la Transcaucasie qui s’est avérée être une confédération, rapidement désintégrée, ne laissant aucune autre alternative à ses membres que de déclarer l’indépendance.
Au même moment, la Turquie se remettait de sa défaite dévastatrice de la guerre. Revigorée, elle avait hâte d’engloutir autant de territoire que possible dans le Caucase, profitant du vide politique créé par la chute de la Russie tsariste. Les Arméniens étaient confrontés à un avenir incertain. Ce fut un moment de vie ou de mort.
Après avoir survécu à l’imposant génocide, les Arméniens ont réussi à rassembler assez de force pour affronter les 10 000 soldats de l’armée de Vehib Pacha.
Les forces populaires arméniennes ont remporté trois victoires successives à Sardarabad, Bash Abaran et Ghara Kilissa, et pavé la voie à l’indépendance de l’Arménie.
Face à Sardarabad, le général Thomas Nazarbekian a déclaré à ses soldats : « Nous devons comprendre que si nous ne n’obtenons pas notre liberté maintenant, par la lutte armée, et ne nous construisons pas un avenir heureux, l’histoire ne nous pardonnera pas, parce cette occasion ne se représentera pas, ni pour nous, ni pour les générations futures. »
Dans Bash Abaran, les forces arméniennes ont repoussé les Turcs sous le commandement de David Melkisetian, qui devait bientôt être rejoint par les forces placées sous le commandement du général Dro (Drastamard Kanayan). Ce dernier a utilisé une tactique de diversion pour forcer l’armée turque à reculer dans les marais.
La nature a également joué son rôle crucial, de nombreux soldats turcs sont morts de froid. La troisième victoire a été remportée à Ghara Kilissa par Bey Manoukian, Garegin Nejdeh et Nikolay Ghorghanian.
Pendant la guerre, un jeune ecclésiastique, Karekin Hovsepian, a encouragé les forces arméniennes à travers sa direction inspirante. Ce prêtre est, plus tard, devenu Catholicos du Saint-Siège de Cilicie, laissant derrière lui un énorme héritage de réalisations académiques.
Les forces arméniennes ont combattu férocement, refusant toute alternative amère. Vehip Pacha, dans ses mémoires, a écrit : « Les Arméniens qui ont combattu dans Ghara Kilissa méritent le respect. »
Les victoires de ces batailles ont mené à la déclaration d’indépendance du 28 mai 1920. La déclaration a été lue par l’intellectuel renommé Avetis Aharonian.
Ainsi, la République d’Arménie est apparue sur la carte du monde.
Tous les guerriers et leurs commandants méritent le respect et la gratitude éternelle des générations futures. Seul le général Dro a jeté plus tard une ombre sur sa vaillance en s’alliant aux forces nazies durant la Seconde Guerre mondiale. Le choix de Dro ne permet aucune spéculation, sachant comment les nazis ont traité les pays qu’ils occupaient.
Aujourd’hui, l’Arménie s’accroche à la vie, avec une émigration massive, et a désespérément besoin de symboles historiques comme inspiration. Le 28 mai est l’un de ces symboles, qui porte une signification essentielle pour notre peuple qui lutte pour son dernier fragment de territoire historique appelée Arménie.
Le 28 mai est notre histoire vivante.
Traduction N.P.