L’ancien Premier ministre arménien qui vit en Grande-Bretagne depuis près de trois décennies a officiellement accepté vendredi l’offre du président sortant Serge Sarkissian de devenir le prochain président arménien sous un nouveau régime parlementaire. Armen Sarkissian a communiqué sa décision très attendue à Serge Sarkissian après une série de réunions avec des partis politiques arméniens, des organisations non gouvernementales, des intellectuels de premier plan et des milieux d’affaires.
Le prochain président de la république sera élu par le parlement arménien, contrôlé par le parti républicain au pouvoir (HHK), un mois avant que l’actuel chef d’Etat termine son dernier mandat le 9 avril. L’Arménie sera alors transformée en une république parlementaire, ce qui signifie que la plupart des pouvoirs présidentiels reviendront au Premier ministre.
Le président sortant avait proposé de nommer Armen Sarkissian en tant que candidat présidentiel du HHK le 19 janvier. Ce dernier qui était comme ambassadeur d’Arménie en Grande-Bretagne depuis 2013, avait déclaré qu’il avait besoin de temps pour décider s’il acceptait la proposition.
« Avec toute mon énergie et ma vigueur, je suis prêt à m’impliquer dans cette entreprise si l’Assemblée nationale m’élit président“, a déclaré M. Sarkissian au président vendredi. L’ancien Premier ministre âgé de 64 ans a déclaré que ses réunions d’un mois renforçaient sa conviction que « beaucoup doit être fait dans divers domaines ». Il a dit qu’en tant que président il s’efforcera de « faire mes contributions » à la politique étrangère de l’Arménie, aux relations économiques et, en particulier, aux efforts du gouvernement pour attirer plus d’investissements étrangers. Il a ajouté qu’il s’efforcerait également d’améliorer la qualité de l’éducation publique et de renforcer la société civile arménienne.
Sous la constitution amendée de l’Arménie, le successeur de Serge Sarkissian sera principalement chargé de veiller à « l’application de la constitution » par les diverses branches du gouvernement. Il aura le pouvoir de nommer les membres du gouvernement, les ambassadeurs à l’étranger et les hauts gradés de l’armée arménienne. Mais tous ces fonctionnaires seront nommés par le Premier ministre, qui sera également le commandant en chef de l’armée.
Lors de ses fréquents contacts avec des journalistes au cours des dernières semaines, Armen Sarkissian a insisté sur le fait qu’il sera plus qu’une figure de proue s’il se présente à la présidence et une fois élu. Il a également appelé à un « dialogue national » entre les hommes politiques arméniens et les autres organisations politiques, disant qu’il est nécessaire de guérir les divisions graves existant dans la société. Le favori à la présidence a déclaré vendredi qu’il avait l’intention de lancer un tel dialogue. Serge Sarkissian a salué sa « disponibilité au dialogue » dans ses remarques précédant leur rencontre.
Physicien et mathématicien de formation, Armen Sarkissian travaillait à l’université de Cambridge lorsqu’il fut nommé premier ambassadeur arménien indépendant au Royaume-Uni en 1991. Il a été Premier ministre pendant quatre mois en 1996-1997 avant d’être à nouveau nommé ambassadeur à Londres. Son deuxième mandat d’ambassadeur avait été écourté en 1999 par le président Robert Kocharian. Armen Sarkissian était resté en Grande-Bretagne où il a fait fortune dans la décennie suivante, travaillant principalement en tant que conseiller et consultant pour les sociétés occidentales faisant des affaires dans l’ex-Union soviétique. Il a été nommé ambassadeur arménien en Grande-Bretagne pour la troisième fois en 2013.
Le candidat à la présidentielle devra être soutenu par une majorité des trois quarts et deux tiers des législateurs afin de gagner respectivement aux premier et deuxième tours de scrutin. Une simple majorité de voix suffit pour remporter la présidence au troisième tour. Or, le HHK possède une telle majorité.
Néanmoins, le président Sarkissian a exprimé l’espoir le mois dernier que l’ancien Premier ministre gagnera dès le premier tour. Dans ce cas, il aurait besoin du soutien d’au moins 79 membres du parlement des 105 sièges. Le HHK et son partenaire de coalition, la Fédération révolutionnaire arménienne (Dashnaktsoutioun), contrôlent 65 sièges à eux deux. Ils auront donc besoin des voix de l’alliance de l’homme d’affaires Gaguik Tsaroukian qui détient 31 sièges. Même s’il est officiellement en opposition avec le gouvernement, Tsaroukian n’a pas exclu la possibilité de soutenir un candidat du HHK.