Après l’effondrement des trois premiers cessez-le-feu, négocié par les coprésidents de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), très peu de personnes étaient convaincus que le quatrième essai, convenu à Genève, tiendrait.
Tous les cessez-le-feu se sont avérés être des échecs, car l’Azerbaïdjan a rompu les accords le jour même de leur signature.
Les bombardements se sont poursuivis et se sont même intensifiés, utilisant des bombes incendiaires au phosphate, internationalement interdites, au-dessus des forêts et des populations civiles.
Lorsque nous examinons rétrospectivement les termes et conditions des cessez-le-feu antérieurs, principalement ceux de 1994 et 2016, nous constatons qu’ils se sont avérés efficaces, en raison de l’influence de la Russie sur les deux parties en guerre.
Cette fois-ci, le président Ilham Aliev ne se soucie pas de l’influence russe, car la Russie a perdu l’Azerbaïdjan au profit de la Turquie. Même Aliev lui-même a perdu son pays au profit du dirigeant turc Recep Tayyip Erdogan, qui compte les coups.
Les gens meurent au Karabagh et les terroristes djihadistes, armés par Al-Baghdadi qui avait proclamé son califat, font des ravages avec leur mission de décapiter les Arméniens (100 dollars par tête), mais nous n’entendons que des chuchotements de la part de la communauté internationale.
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Ces terroristes islamiques sont devenus des éléments permanents dans toutes les guerres d’Erdogan, entraînés dans les territoires occupés de la Syrie et exportés vers un champ de bataille choisi par la Turquie; ils ont été utilisés en Syrie puis déplacés en Libye et actuellement ils sont en Azerbaïdjan face à l’armée du Karabagh, qui en a capturé deux après en avoir tué des centaines sur le champ de bataille.
Au cours des interrogatoires, les djihadistes capturés ont révélé des faits incriminants concernant leur recrutement, leur entraînement par l’armée turque, leur nombre et leurs plans. La Turquie et l’Azerbaïdjan ont nié avec véhémence l’existence de ces djihadistes combattant aux côtés de leurs troupes.
Les djihadistes syriens se sont joint à l’armée azerbaïdjanaise pour une indemnité d’environ 2 000 dollars par mois, plus une prime de 100 dollars pour chaque tête d’« infidèle ».
Récemment, des médias ont rapporté que le Pakistan, foyer du terrorisme, a trouvé des djihadistes d’Afghanistan dont la vie semble coûter moins chère que les djihadistes syriens. En effet, on pense que le Pakistan recrute les terroristes afghans, qui ont accepté de se battre sur le front du Karabagh pour un prix inférieur de 800 dollars par mois.
Les amis et les ennemis d’Erdogan peuvent clairement voir qu’il est engagé dans une entreprise mondiale de création et d’exportation de terroristes dans le cadre de sa machine de guerre mondiale, et pourtant, ils détournent le regard.
Erdogan est une version plus sophistiquée d’Oussama Ben Laden. En effet, les planificateurs politiques américains admiraient joyeusement Ben Laden quand ce dernier était un allié, abattant des avions de combat soviétiques MiG au-dessus de l’Afghanistan avec des roquettes Stinger à l’épaule, jusqu’à ce qu’ils se réveillent brutalement lorsqu’il a fait sauter le World Trade Center.
Erdogan est sur la même voie. Il a financé la construction de 100 mosquées à travers le monde, à la fois dans les pays islamiques et en Occident. En outre, des milliers de madrasas (écoles religieuses) sont en cours de construction dans le monde pour promouvoir la version fondamentaliste de l’islam. On peut le considérer propager sa foi religieuse comme une entreprise innocente, mais Erdogan lui-même et son parti AK utilisent la religion comme une arme à des fins politiques.
Il y a deux ans, Erdogan a menacé l’Allemagne de troubles politiques en manipulant les trois millions d’immigrants turcs qui s’y trouvaient. La même menace a été dirigée contre la Russie, dont les 25 millions de citoyens musulmans sont considérés comme une bombe à retardement par Erdogan. Ses récentes altercations avec le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre autrichien Sebastian Kurz sont bien connues.
Déjà, un avant-goût de ce qui pourrait arriver est confirmé par la décapitation d’un professeur de français à Paris, le meurtre d’un prêtre grec à Lyon, le coup de couteau et le meurtre de trois personnes dans une église catholique de Nice, et des actes terroristes en Allemagne et en Autriche.
Et pourtant, les alliés de la Turquie à l’OTAN admirent joyeusement Erdogan, qui s’est installé dans le Caucase pour fomenter des troubles contre la Russie.
Le jour du jugement ne sera pas loin; Erdogan a eu des désaccords avec tous les pays de la Méditerranée orientale. Si les pays occidentaux ne se réveillent pas aujourd’hui pour les Arméniens qui mènent une guerre existentielle, ils se réveilleront demain et ressentiront les coups sur leur propre peau.
Ahmet Davutoglu, l’ancienne âme sœur d’Erdogan, qui a été Premier ministre, a été l’architecte de la politique étrangère de la Turquie « zéro problème avec ses voisins ». Il s’est séparé d’Erdogan et a fondé son propre parti, Gelecek (Future). S’exprimant lors du forum de son parti, Davutoglu a lancé une attaque cinglante contre son ancien patron, l’accusant de flirter avec la catastrophe. Il a accusé Erdogan de piller l’économie du pays en construisant sa machine de guerre. En outre, il a déclaré que le Sultan s’était opposé à tant de pays que tôt ou tard, ces derniers se ligueraient contre la Turquie et la déchireraient.
Erdogan est actuellement dans le Caucase pour entrainer la Russie dans un imbroglio, qui pourrait être temporairement conforme aux plans de l’OTAN, mais pas pour longtemps. Simultanément, l’Arménie souffre alors que la Turquie mène la guerre au Karabagh en utilisant l’armée azerbaïdjanaise et les djihadistes qui sont apparus dans d’autres pays du Caucase et en Russie.
S’il ne s’agissait que d’Aliev, il se serait contenté de la paix peu après le début des affrontements après avoir subi d’énormes pertes. En effet, on pense qu’une bonne partie du matériel militaire azerbaïdjanais, amassé au fil des ans, au prix de milliards de pétrodollars, a été détruite pendant la guerre. Mais la persistance d’Aliev à poursuivre malgré les dégâts porte la marque de l’arrogance d’Erdogan.
Erdogan s’est brutalement découvert en déclarant que l’Arménie est un obstacle à sa route vers la réalisation de ses plans impériaux. Par conséquent, il a jeté son dévolu au-delà du Karabagh. La plupart des batailles féroces se déroulent sur le territoire du Karabagh, essayant de se rapprocher de la pointe sud de l’Arménie, la région de Meghri, qui sépare l’Azerbaïdjan continental de l’enclave du Nakhitchevan.
La guerre, menaçant le territoire arménien, a occasionné des stipulations sur le Traité d’amitié, de coopération et de défense mutuelle de 1997, signé entre l’Arménie et la Russie.
Le Premier ministre arménien Nikol Pachinian a alerté le président russe Vladimir Poutine du danger imminent de guerre sur le territoire même de l’Arménie.
Malgré sa réticence et sa position neutre face au conflit, Poutine a répondu que la Russie honorerait les termes du traité. Des consultations ont également eu lieu sur la nature et le volume de l’aide.
Après avoir poussé la Russie dans une impasse en Syrie et en Libye, la Turquie a mis ce pays au défi dans une confrontation plus près de chez elle, dans le Caucase. Le gouvernement d’Erdogan a suggéré à plusieurs reprises que la Turquie était responsable de cette guerre. La Russie a essayé de fournir des forces de maintien de la paix, que la Turquie aimerait égaler en nombre. Récemment, le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, Robert O’Brien, s’exprimant lors d’un forum de sensibilisation communautaire à Los Angeles, a indiqué que des discussions étaient en cours pour amener des soldats de la paix des pays scandinaves. Il a également catégoriquement exclu la participation de la Turquie au maintien de la paix. Jusqu’ici tout va bien.
Mais les États-Unis sont capables de faire plus. Le président Trump avait évoqué le modèle du Kosovo, qui jusqu’à présent a été considéré comme un précédent unique qui ne peut être répété.
Hugo Dante, écrivant dans la revue National Interest, sous le titre « Les sanctions américaines pourraient désamorcer les tensions entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan » a écrit « Les États-Unis ont les outils pour désamorcer la situation mais l’Azerbaïdjan et la Turquie testent l’efficacité de leurs campagnes d’influence et leur pouvoir à persuader les États-Unis d’ignorer les déplacements de masse de civils et les massacres potentiels. »
Il ajoute: « Les États-Unis sont particulièrement bien placés pour désamorcer les tensions et imposer la paix. Étant donné que les armes et l’influence turques sont à l’origine de la violence, Washington a la capacité de réduire l’aide, les ventes d’armes et d’imposer des sanctions comme un frein au tambour de guerre d’Ankara. »
Mais l’administration américaine est en campagne pour sa vie et les massacres des Arméniens du Karabagh ne sont pas une priorité pour le moment.
Ilham Aliev, qui a trois fois ignoré les initiatives des coprésidents de l’OSCE, devrait être tenu pour responsable de la rupture des cessez-le-feu.
Erdogan, qui poursuit ses rêves de pantouranisme, doit être arrêté sur sa lancée. La création d’un empire ottoman nécessite l’assujettissement d’autres nations en cette ère de mondialisation. Quand 25 millions de Kurdes sont engagés dans une guerre de libération pour rompre avec la Turquie, quelle nation ayant du bon sens tolérerait le règne d’un sultan sanguinaire ?
Aujourd’hui, la Turquie est aux frontières de l’Arménie pour terminer son génocide lancé il y a 105 ans. Depuis le début de la guerre, cette chronique souligne l’importance d’utiliser la question du génocide comme mur moral contre l’agression turque.
La Turquie et Erdogan sont vulnérables à cet égard et c’est pourquoi ils ont alloué d’énormes ressources à la négation du génocide arménien dans le monde.
Enfin, le président et le premier ministre arménien ont commencé à tirer efficacement parti de la question dans leurs déclarations publiques. Le Ministre des Affaires étrangères Zohrab Mnatsakanian poursuit ce thème dans son jargon diplomatique.
Israël et les Juifs ont longtemps capitalisé sur la question. Zev Chafetz, écrivant sur Bloomberg.net, a le mieux articulé la question: « La plus grande similitude est, bien sûr, le fait que les Juifs et les Arméniens ont tous deux été victimes d’un génocide au XXe siècle. Mais au lieu de les réunir, l’expérience mutuelle est devenue un point de discorde… Israël connaît le pouvoir de la victimisation et a fait de l’Holocauste la pièce maîtresse de sa diplomatie depuis 1948. Les avantages sont évidents. Il a obtenu des réparations financières de la part de l’Allemagne et d’autres acteurs européens, donnant ainsi la liberté d’action à Israël, refusée à d’autres petits pays mais un atout moral contre les négationnistes de l’Holocauste comme l’Iran et les Palestiniens.
Comme la guerre l’a prouvé ces jours-ci, les Arméniens n’ont pas beaucoup d’amis. Ils pourraient utiliser le capital moral légitime qu’ils possèdent. Edmond Y. Azadian
Traduction N.P.