La campagne électorale arménienne tourne à plein régime à l’approche du 2 avril. Neuf alliances participent à ces élections. La plupart des partis promettent un « changement ». Mais personne n’a encore révélé la teneur de ces « changements » parce que, selon les expériences passées, après les élections, ces changements changent de direction.
Les sondages expriment le sentiment populaire avec assez de précision. Mais le résultat des élections peut être complètement différent parce que la plupart des électeurs ne votent pas comme ils le pensent. Ils ne sont pas libres de voter selon leur conscience. S’ils sont employés du gouvernement, leur destinée est prédéterminée ; Leur vote n’est pas un vote personnel, mais un vote institutionnel. Il est déjà décidé.
S’ils veulent conserver leur emploi après le 2 avril, il vaut mieux voter « judicieusement. »
Inversement, s’ils ne sont pas employés du gouvernement, ils peuvent vendre leur vote sur le marché libre. Le prix fluctue d’une circonscription à l’autre, mais le taux est toujours entre 50 $ et 100 $, une somme qui peut mettre de la nourriture sur la table durant quelques jours. Après le scrutin, le parti qui a acheté un vote oublie le sort de l’électeur.
Il n’y a aucun frein à la liberté d’expression en Arménie. Les gens sont libres d’exprimer leurs opinions. Même les journaux sont libres d’écrire ce qu’ils désirent. Et aussi pourquoi les médias peuvent être manipulés par des individus et des groupes et malmener leurs adversaires en toute impunité. La presse peut se rabaisser à des niveaux étonnamment bas, car elle n’est soumise à aucun degré de responsabilité ou de lois anti-diffamation.
En ce qui concerne la question de la liberté d’expression et de la presse, deux facteurs déterminants doivent être pris en considération. Il y a des pays comme la Turquie où la liberté est restreinte et le traitement rapide. Contrairement à la Turquie, les Arméniens peuvent librement dire et faire toute déclaration obscène envers le président. La première composante est donc la capacité ou la liberté de s’exprimer. L’autre composante des médias libres est l’impact de la déclaration.
Dans les pays civilisés, l’opinion publique est importante. En Arménie, l’impact de la liberté d’expression est nul. Personne n’écoute ni ne veut entendre ce que le public pense ou veut.
Dans la même veine, les sondages ne sont pas nécessairement les arbitres de la vérité. L’Association internationale Gallup a mené un sondage et les résultats reflètent le sentiment populaire en ce moment. Voici les résultats : l’Alliance Tsaroukian 26,4%; Le Parti Républicain au pouvoir actuellement 22,8%; Yelk (Sortie), dirigé par Nikol Pashinian 4,3%; La Fédération révolutionnaire arménienne (Dashnaktsutiun), 3,9%; Les démocrates libres, dirigés par l’ancien ministre des Affaires étrangères, Alik Arzoumanian, 3,4%; Renaissance arménienne 2,7%; Le Congrès national arménien-Alliance populaire dirigée par l’ancien président Levon Ter-Petrosian, 2,6%; L’Alliance Seyran Ohanian, Raffi Hovannisian et Vartan Oskanian 1,8%, et le Parti communiste d’Arménie, 1%.
Lorsque la véritable opposition est en prison, certains groupes prétendent jouer le rôle d’opposition, au grand plaisir du parti au pouvoir.
De nombreuses ententes occultes sont déjà en place. L’alliance de Ter-Petrosian peut gagner 2-3 sièges au parlement, mais si Serge Sargissian leur a promis cinq sièges, la Commission électorale centrale les concédera. Des accords sont également conclus avec la FRA, et même avec l’Alliance Tsaroukian, qui pourrait se présenter comme le deuxième groupe le plus puissant au parlement, une entente sur le partage du pouvoir est déjà en cours.
Le parti au pouvoir a eu recourt à une ruse électorale. Le jeu est dirigé par trois leadeurs charismatiques qui couvrent les oligarques et autres mafieux en arrière-plan.
Il s’agit du Premier ministre Karen Karapetian, qui détient à la fois le charisme et la popularité. Il dirige la campagne pour le Parti républicain, même s’il ne peut être candidat parce qu’il ne satisfait pas à l’exigence de résidence de quatre ans. Cependant, un conflit est inévitable s’il reste en Arménie et que sa popularité poursuit sa montée en flèche, car lors de l’élection du Premier ministre en 2018, il devra faire face au président sortant, Serge Sargissian, qui a décidé de prolonger son règne.
La deuxième personne faisant preuve de charisme est le ministre de la Culture Armen Amirian. Il a longtemps dirigé les médias gouvernementaux et son nom est associé à de nombreuses réalisations culturelles spectaculaires.
La troisième figure est Arpine Hovhannisian, ministre de la Justice, l’une des rares jeune femme à occuper un poste important.
Outre l’Alliance Tsaroukian, l’autre alliance notable est le groupe Ohanian-Hovannisian-Oskanian, qui brandit le drapeau de l’opposition, après avoir perdu la faveur de l’opinion publique pour avoir servi avec l’élite du pouvoir durant de nombreuses années.
Seule l’Alliance Tsaroukian a été avertie par la Commission électorale centrale de ne pas soudoyer les électeurs, alors que tous les groupes entretiennent de lourds coffres de guerre. On croit que le parti au gouvernement dépensera 100 millions de dollars pour remporter ces élections, préserver son emprise sur le pouvoir, et continuer de voler le peuple.
Les électeurs réclament des comptes sur les performances passées du parti au pouvoir. Une question légitime demeure : le Parti républicain devrait-il demeurer au pouvoir alors que l’économie se détériore, alors que le gouvernement n’a pas élaboré de plan pour stopper le dépeuplement du pays, et a poussé l’armée à la corruption ce qui a entraîné des morts inutiles. À la suite de l’attaque azerbaïdjanaise du 2 avril 2016, la partie arménienne n’avait ni balles ni armes pour combattre les Azéris.
La FRA a abandonné ses slogans patriotiques et a développé une plate-forme plus professionnelle sur des questions de pain, de beurre, et autres questions vitales telles que l’écologie et les problèmes de l’heure.
Cependant, le problème de ce parti est sa crédibilité : trop de zigzag dans le passé, se joindre au parti au pouvoir ou feindre de jouer le rôle de l’opposition.
Bien qu’un trop plein de rhétorique remplisse l’air, il existe une apathie générale à propos de ces élections. L’humeur générale veut que rien ne change et que personne ne soit assez puissant pour détruire l’élite au pouvoir.
Les rêves du peuple ne correspondent en rien aux promesses des candidats. Edmond Y. Azadian
Traduction N.P.