« Nous avons tant de choses en commun, les juifs et les Arméniens, dans le malheur, dans le bonheur, dans le travail, dans la musique, dans les arts », a dit l’artiste de 93 ans
Charles Aznavour, légende de la chanson française croulant sous les honneurs, en a reçu de nouveaux, le 26 octobre dernier, à Jérusalem, célébrant l’aide apportée par sa famille à des Juifs et des Arméniens pendant la Seconde Guerre mondiale.
L’auteur de la Bohème a reçu à 93 ans des mains du président israélien Reuven Rivlin la médaille Raoul Wallenberg, décernée par le comité du même nom basé à New York.
Pendant trois ans, les Aznavour ont au péril de leur vie dissimulé des Juifs et des Arméniens dans leur modeste appartement parisien, selon le comité, qui tient son nom d’un diplomate suédois célébré pour avoir aidé des dizaines de milliers de Juifs à fuir la Hongrie pendant l’Holocauste.
« On peut lire dans le Talmud [texte central du judaïsme] que quiconque sauve une seule vie sauve le monde entier », a dit le président Rivlin, « vous et votre famille, cher Charles, avez sauvé beaucoup, beaucoup de monde pendant les jours très sombres de la Seconde Guerre mondiale dans la France occupée par les nazis ».
Rivlin n’a pas dissimulé le bonheur particulier de recevoir Charles Aznavour, parmi toutes les visites qui font son quotidien.
« Ma femme et moi nous nous sommes connus sur les chansons, les magnifiques chansons de Charles Aznavour », a-t-il dit assis aux côtés de l’artiste, tout de noir vêtu, de larges lunettes noires sur le visage.
« La Bohème était notre chanson », a-t-il ajouté.
« J’en ai une autre pour vous, très spéciale », l’a interrompu l’auteur des Plaisirs démodés, provoquant les éclats de rire.
« Nous recevons beaucoup de gens ici », a poursuivi le président, « mais aujourd’hui c’est vraiment une joie ».
« C’est ce qu’il m’a dit ce matin, en se réveillant », l’a plaisamment coupé sa femme à son tour.
« Nous avons tant de choses en commun, les juifs et les Arméniens, dans le malheur, dans le bonheur, dans le travail, dans la musique, dans les arts », a dit l’artiste, « j’ai un petit peu l’impression que je viens dans un coin de ma famille à moi parce que nous avons la même manière, aussi, de vivre et de manger et de boire ».
Charles Aznavour, en concert à Tel-Aviv, a choisi de recevoir son prix en Israël en raison de ses « relations fortes avec le pays et avec le peuple juif », selon la présidence israélienne.
Aznavour a remercié la Fondation Raoul Wallenberg pour le prix et le président israélien pour la réception. Le chanteur de renommée mondiale a également demandé quand Israël reconnaîtra le génocide arménien, soulignant que les Juifs et les Arméniens ont de nombreuses similitudes.
En réponse, Rivlin a déclaré que c’était une question politique et que la question avait été soulevée au parlement d’Israël chaque année lorsqu’il était membre de la Knesset et président. Il a noté qu’il a parlé assez clairement du génocide arménien de 1915 aux Nations unies en 2015.