Le gouvernement arménien a exhorté mardi 3 janvier la Russie et la communauté internationale à aider à débloquer la liaison terrestre du Haut-Karabagh avec l’Arménie, affirmant que la crise humanitaire dans la région « s’aggrave de jour en jour. »
Il a de nouveau condamné la poursuite du blocus azerbaïdjanais du corridor de Latchin, qui constitue une violation flagrante de l’accord négocié par la Russie et qui a mis fin à la guerre de 2020 au Karabakh.
L’accord de trêve plaçait le corridor sous le contrôle des forces russes de maintien de la paix et engageait Bakou à garantir la liberté et la sécurité de la circulation dans ce corridor. Un tronçon de cette route vitale pour l’approvisionnement du Karabakh en nourriture et autres produits essentiels a été bloqué le 12 décembre par des Azerbaïdjanais soutenus par le gouvernement, pour des raisons apparemment environnementales.
« Le manque de produits essentiels, de nourriture et de médicaments [au Karabagh] devient de plus en plus important et le danger de malnutrition palpable », a déclaré le ministère arménien des Affaires étrangères dans un communiqué. « Des centaines de familles restent séparées, étant de différents côtés du blocus azerbaïdjanais. 120 000 personnes [vivant au Karabagh] ont été transformées en prisonniers de facto. »
Le ministère a demandé l’envoi urgent d’une mission d’enquête internationale au Karabakh et dans le corridor de Latchin.
« Puisque les dispositions de la déclaration tripartite [de cessez-le-feu] ont été violées à la suite des actions illégales de l’Azerbaïdjan, nous attendons également de la Russie qu’elle fasse des efforts clairs pour éliminer cette violation flagrante sans aucune condition préalable », ajoute le communiqué.
Le Premier ministre Nikol Pachinian a déclaré la semaine dernière que les forces de maintien de la paix russes étaient devenues un « témoin silencieux » des efforts déployés par Bakou pour « dépeupler » le Karabakh par le biais du blocus. Il a déclaré que Moscou devrait présenter un plan de réouverture du corridor ou chercher à mettre en place une mission multinationale de maintien de la paix au Karabakh.
Les responsables russes ont rejeté les critiques, affirmant que les casques bleus font de leur mieux pour mettre fin à la crise. Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a également souligné que les Nations unies ne peuvent pas autoriser une autre opération de maintien de la paix au Karabakh sans le consentement de Bakou.
Le Conseil de sécurité des Nations unies a discuté du blocus azerbaïdjanais le 20 décembre lors d’une session d’urgence initiée par l’Arménie. Les États-Unis, la Russie, la France et d’autres nations ont demandé la réouverture immédiate de l’unique route reliant le Karabakh à l’Arménie.
Néanmoins, les membres du Conseil de sécurité n’ont pas réussi à se mettre d’accord les jours suivants sur le texte d’une déclaration pertinente. Un diplomate azerbaïdjanais a déclaré à la fin de la semaine dernière qu’une déclaration « anti-azerbaïdjanaise » rédigée par la France était bloquée par l’Albanie, la Grande-Bretagne, la Russie et les Émirats arabes unis.
Le représentant permanent adjoint de la Russie auprès de l’ONU, Dmitry Polyansky, a précisé peu après que Moscou s’opposait à un tel document parce que ses auteurs français avaient rejeté les amendements proposés par la partie russe. Il a déclaré que les modifications proposées soulignaient l’importance des accords arméno-azerbaïdjanais négociés par la Russie et la présence militaire russe au Karabakh.
« La Russie était prête à travailler de manière constructive [sur la déclaration], mais la France a eu recours à des méthodes peu scrupuleuses », a déclaré M. Polyansky dans une publication sur les médias sociaux.
Dans un clin d’œil clair à Moscou, le ministère arménien des Affaires étrangères a salué les efforts diplomatiques français à l’ONU.
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